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La démocratie en deuil au Togo : Charles Ameganvie

                 Charles Améganvie

« Sentinelle, que distu de la nuit ? La nuit est longue, mais le jour vient. »
Sylvanus Olympio, premier président de la République togolaise dite indépendante,

Les acteurs des années 90 au Togo disparaissent sans avoir vu le jour se lever sur leur pays. Charles Améganvie est décédé le 28 décembre 2020, amère et désabusé. Si son combat politique est resté inachevé; le plus dificile a été de le cotoyer dans ses derniers moments, dans ses permanents séjours entre son domicile et un hôpital à Tokoin que tout le monde s’accorde à qualifier de mouroir.

Charles a dirigé la première radio libre du pays. Il croyait dans le pouvoir des médias, il avait foi en la bonté naturelle de l’Homme et dans sa capacité à faire le bien. En novembre 2020, après plusieurs séjours dans les couloirs de la mort à Tokoin (Hôpital Sylvanus Olympio), il déclarait encore avoir eu beaucoup de chance. En effet, malgré l’absence d’assurance et de système organisé, il a pu tenir et payer des soins très couteux pendant ces huit dernières années. Il a donné sa vie à son pays, mais devait, dans les dernières années, se tourner vers le Ghana et le Bénin voisins pour des solutions moins coûteuses (subventions d’Etat) pour son traitement. Il s’en est pourtant allé sans aucune racoeur, sans reproche à cette élite dirigeante incapable depuis les années 60 d’amorcer un développement véritable.

Il serait temps un jour de faire un état des lieux de la gestion du pays, 60 ans après les indépendances. Les constats sont assez édifiants:

  • Hopitaux inexistants et privatisés – absence de laboratoires;
  • Infrastructures à l’abandon ou sous perfusion;
  • Economie bricolée et sous-traitée;
  • Militarisation à outrance de la nation.

Du journalisme à l’élevage, Charles avait cru pouvoir changer le monde, contribuer à la démocratie et faire progresser son pays. La vie ne lui en a pas laissé le temps. Combien de martyrs faudra-t-il encore avant une éclaircie salvatrice? Les Togolais ont cru en des hommes, des partis, des églises; le système unique est toujours plus fort, inhumain.

Il est difficile de pleurer un frère, surtout quand on se dit quil aurait pu vivre autrement, un peu plus longtemps, si seulement la nuit n’était pas interminable en Afrique noire francophone…

RIP Charles

Bruxelles, le 01/01/2020

La rédaction