Sur invitation de l’ambassade de Haïti à Bruxelles, le groupe Afrology était associé ce 17 novembre 2024 à la commémoration du 221ème anniversaire du soulèvement de Haïti contre l’occupation française. Ce fut l’occasion d’en apprendre plus sur cette bataille unique dans l’histoire.
Vertières : Quand des esclaves sans chaussures ont mis la France de Napoléon à genoux
La France, cette puissance mondiale du XVIIIe siècle, avec ses armées légendaires, ses stratégies militaires… et son ego démesuré. On pourrait penser qu’une nation qui a tenu tête à l’Europe entière n’aurait aucun mal à maîtriser une révolte dans une petite colonie. Mais c’était sans compter sur une poignée d’esclaves, armés de courage, de machettes, et, probablement, d’une dose généreuse de « vous ne nous aurez jamais ».
La bataille de Vertières, ce glorieux 18 novembre 1803, est la scène où Napoléon Bonaparte a dû se retourner dans son bain de lait (ou dans sa gloire européenne) en apprenant que son armée d’élite avait été écrasée. La France a été défaite par des esclaves affamés et mal équipés, menés par des hommes comme Jean-Jacques Dessalines, dont la stratégie militaire semble avoir été :
« Nous avons peut-être des bâtons, mais nous avons aussi des tripes. »
Les armes françaises contre… l’imagination haïtienne
Les troupes de Rochambeau, fortes de leurs uniformes impeccables et de leur arrogance coloniale, pensaient affronter une bande de paysans sans discipline. Mais chaque coup de canon français ne faisait que nourrir l’ingéniosité haïtienne. Les esclaves transformaient tout, des outils agricoles en armes meurtrières. Et ces hommes, que la France considérait comme des êtres inférieurs, ont infligé une humiliation que l’Histoire ne devrait jamais oublier.
Napoléon : un empire bâti sur du sable
Vertières n’a pas seulement mis fin aux ambitions françaises dans les Caraïbes. Cette bataille a également sonné le glas de l’expansion napoléonienne dans le Nouveau Monde. Tout s’est effondré, comme une pâtisserie mal cuite. Résultat : la Louisiane fut vendue aux États-Unis à prix bradé, et Haïti devint la première république noire indépendante au monde. En compensation, les USA vont fermer les yeux sur les amendes imposées aux anciens esclaves.
Contre la puissance de feu de l’empire français, le peuple haïtien a affiché un courage, une détermination une unité sans faille.
Un rappel gênant pour la France… encore aujourd’hui
On pourrait croire que la France aurait appris une leçon d’humilité après une telle défaite. Mais non, au lieu de cela, elle a eu la brillante idée de réclamer à Haïti une « dette d’indépendance » équivalant à des milliards. Eh oui, perdre une guerre n’était pas suffisant, il fallait aussi extorquer l’argent des vainqueurs.
Vertières reste une gifle historique d’une rare intensité. Elle nous rappelle que l’arrogance des puissances coloniales peut être réduite à néant par le courage, l’unité, et un profond désir de liberté. La France, elle, devrait peut-être éviter de parler trop fort de cette époque dans ses livres d’histoire.
Mais Haïti va payer sa liberté au prix fort. Au XIXe siècle, la France a imposé, sous le regard bienveillant de la communauté internationale, une dette colossale à son ancienne colonie. Et le pays en subit encore les conséquences aujourd’hui.
Tout au long du XIXe siècle puis du XXe siècle, les esclaves haïtiens libérés par eux-mêmes à la suite de plusieurs révoltes et leurs descendants vont être contraints de payer une dette à leurs anciens maîtres français et à leurs familles, afin de les dédommager de la perte occasionnée. Ce paiement injuste et exorbitant a condamné dès les origines la première république noire à la pauvreté et à un sous-développement chronique.
Bruxelles, le 18 novembre 2024