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Né à Lisala, le 14 octobre 1930, il est prénommé Joseph-Désiré et est l’aîné d’une famille de quatre garçons. Son père, Albéric Gbémani, est chef cuisinier chez les missionnaires capucins de Molegbe, en pleine brousse équatoriale.
Il transmettra à son fils le goût simple des mets raffinés. Sa maman, elle, s’appelait Marie-Madeleine et avait déjà eu deux enfants d’un premier lit avec un chef tribal de Kawele. Ce sera cette Mama Yemo à laquelle, toute sa vie, le futur maréchal-Président vouera un culte sans égal et qui repose, depuis, en la crypte de Gbadolite. il en donnera le nom, plus tard, au grand hôpital de Kinshasa. Il arrive pour la première fois à Léopoldville (Kinshasa) en mars 1934 en compagnie de ses parents; entré à l’école primaire Saint-Anne en 1937, il est contraint de la quitter en classe de quatrième année. A la mort de son père, le 11 août 1938, il est pris en charge par son grand père paternel et son grand oncle dont il porte le nom. Il est, dés lors, placé chez les Scheutistes et les Capucins à Molegbe, Bwamanda, Mawuya et Libenge. Sa scolarité se poursuit à l’Ecole Moyenne, tenue par les Frères des Ecoles Chrétiennes à Mbandaka (Coquilhatville).
En février 1950, il est enrôlé à la Force publique et envoyé à l’école centrale de Luluabourg (Kananga) pour suivre la formation de secrétaire-comptable dont il obtient le brevet de en 1952. Troisième de sa promotion, il est affecté en 1953 à l’Etat-Major de la Force Publique à Kinshasa. Là, il collabore à la rédaction du journal de l’armée « Sango ya bisu » et, bientôt, à celle de l’Avenir colonial belge, appelé à devenir plus raisonnablement l’Avenir. En effet, le 5 janvier 1956, la direction de ce journal décide d’ouvrir ses colonnes aux Congolais dans les « Actualités Africaines » et fait parître certains articles signés d’un certain « De Banzy », qui n’est autre que le jeune Mobutu. L’utilisation du pseudonyme s’explique par le fait qu’un soldat n’avait pas le droit d’écrire dans un journal civil. de Banzy dérive de Banzyville, son territoire d’origine, actuellement Mobayi Mbongo.Libéré de ses engagements militaires à la fin de son terme le 31 décembre 1956, il entre dans le comité de rédaction des « Actualités Africaines » avec la recommandation de Pierre Davister. il rencontre pour la première fois Patrice Lumumba en juillet 1956 dans les bureaux des « Actualités Africaines ».
Son premier voyage en europe, il l’effectue en 1958 à l’occasion de sa participation au Congès de la Presse Coloniale organisé dans le cadre de l’Exposition Universelle de Bruxelles; de retour à Kinshasa, il est nommé rédacteur en chef des « Actualités Africaines ». En 1959, il est retenu comme stagiaire à l’Office de l’Information et des Relations Publiques pour le Congo belge et le Rwanda-Urundi (Infor-Congo). Il suit des cours à la Maison de la Presse de Bruxelles. En septembre 1959, il s’inscrit à l’Institut Supérieur d’Etudes Sociales de Bruxelles après avoir réussi le Jury Central. Loin du pays, il suit néanmoins de près l’accélération du processus de libération. Lorsque les délégués congolais débarquent à bruxelles pour la tenue de la Conférence de la Table Ronde Politique, il se met à l’écoute de son coeur de nationaliste; Il rejoint l’équipe du M.N.C.-Lumumba en janvier-février 1960 et est confirmé membre effectif de la délégation du M.N.C.-lumumba à la Conférence de la Table Ronde Economique, Financière et Sociale (26 avril – 16 mai 1960). De retour à Kinshasa le 10 juin 1960, il est nommé le 24 juin Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil chargé des questions politiques et administratives dans le premier gouvernement constitué par Lumumba. Lorsqu’éclate début juillet 1960, la mutinerie de la Force Publique, le Chef de l’Etat Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba lui confient la mission de pacifier les esprits dans les camps militaires.
Il est nommé le 8 juillet Chef d’Etat-Major de l’armée avec grade de Colonel. La lutte ouverte entre le Chef de l’Etat et le Premier Ministre déclenchée le 5 septembre, le conduit à intervenir pour mettre fin à la « chien-lit ». Il neutralise le 14 septembre 1960 les hommes politiques en présence et met en place une équipe de jeunes technocrates, le Collège des Commissaires Généraux. il réorganise et restructure l’armée à partir des factions dissidentes de la Force Publique. Promu, le 7 janvier 1960, au grade de Général Major, Commandant en Chef de l’Arméé Nationale, il s’attelle à la modernisation et à l’équipement des forces armées. Le 3 novembre 1965, il est nommé au grade de Lieutenant-général de l’Armée Nationale Congolaise. Après la prise du pouvoir par le Haut Commandement Militaire des Forces Armées(coup d’Etat de 1965), le 24 novembre 1965, il asume les prérogatives constitutionnelles du Chef de l’Etat. Elu à la Magistrature Suprême au suffrage universel direct en 1970, il est réélu en 1977 et 1984. Sur proposition de l’Ordre des Compagnons de la Révolution, il a été élevé à la dignité de Maréchal du Zaïre par le troisième congrès ordinaire du Mouvement Populaire de la Révolution (du 6 au 11 décembre 1982).M.P.R., parti unique, a été lancé le 20 mai 1967 par Mobutu. Il a revêtu les insignes de Maréchal le 19 mai 1983. Il a perdu sa première épouse, Mama Mobutu Sese Seko, le 22 octobre 1977 et s’est remarié avec Mama Bobi Ladawa le 1er mai 1980. Selon la Constitution, le Président du Mouvement Populaire de la Révolution est de droit Président de la République. Clef de voûte des institutions de la Seconde République, il est l’organe central de décision et de contrôle des activités du M.P.R. Chef de l’Exécutif, il détermine et conduit la politique de l’Etat; il dirige et contrôle la politique étrangère de la république.
Sur l’échiquier international, on ne peut négliger le rôle cardinal du maréchal-président, qui a toujours su monnayer sa fidélité à l’Occident, en pleine guerre froide. Ses relations très étroites avec Larry Devlin, représentant de la CIA à Kinshasa, en témoignent à suffisance. Du côté belge, la diplomatie, depuis l’indépendance, a vécu au diapason de relations bilatérales convulsives, compulsives. La grande crise de 1988-89 en restera la plus cinglante illustration. A cette nuance près, cette fois, que les retrouvailles belgo-zaïroises scellées à rabat sous l’égide du roi Hassan II du Maroc, l’un des plus proches alliés de Mobutu -ceci allait s’avérer tout particulièrement au temps de la double insurrection de Kolwezi, au shaba, en 1977 et 1978- seront placées sous le signe d’une cordialité blafarde. Il est vrai que Mobutu s’était alors senti lâché à jamais par un Roi des Belges, Baudouin Ier, qui lui préférait désormais ostensiblement le Président juvénal Habyarimana. mobutu en conçut une amère tristesse, une douloureuse blessure sentimentale. Du conflit, il en a toujours joué avec les pays étrangers, mais également avec les médias et ses propres ministres ou commissaires d’Etat, les nommant à la Primature à tour de rôle, suivant une cadence infernale, choisissant parmi la cour de ses vassaux en n’ayant de cesse que les impétrants sortent de charge complétement démonétisés. Dressant, les uns contre les autres, ses partisans et ses opposants, la division étant son opération de prédilection.
Au début des années 90, après le « massacre de Lubumbashi », qui ne sera jamais ni vraiment démenti, ni davantage élucidé, le soutien des Etats-Unis se fit pourtant nettement plus tempéré. depuis l’effondrement du communisme, les enjeux ne sont évidemment plus pareils. De plus, il il est tout doucement temps de songer à devenir « politiquement correct ». Dans son discours de La Baule, en 1990, François Mitterrand va d’ailleurs lier l’aide aux pays africains au processus de démocratisation. Signe des temps, aussi, les Etats-Unis commencent à insister lourdement sur le respect des droits de l’homme. Le volet occidental de la personnalité de Mobutu ne doit pas masquer les affinités qu’il entretint avec la Chine et son Grand Timonier. Mais cette admiration, il est vrai, reposait plus sur les oripeaux du système que sur l’idéologie de base. Parmi ses souvenirs de Chine, on retrouve le palais du peuple et le stade de football de Kinshasa, construits par les Chinois et l’adaptation du col mao sous la forme du vêtement révolutionnaire institué dans le cadre d’une nouvelle authenticité. La « zaïrianisation » de 1972-73, en effet, vit l’abacost (« à bas le costume ») supplanter la cravate européenne, proscrite en même temps que les prénoms chrétiens. Cette « révoilution culturelle » donna le jour aussi au nouveau « citoyen » zaïrois. Allié très sûr également de Mobutu, l’état d’Israël, dont les expatriés règnent à Kinshasa sur des domaines, notamment le diamant, convoités de même par les migrateurs chiites libanais. L’Etat hébreu est sans conteste le principal artisan des services de sécurité de Mobutu; en particulier, la célèbre Division Spéciale Présidentielle (DSP), brigade d’élite de l’armée zaïroise.
Si, assurément, la démocratie parut un leurre dans un pays qui avait dû rattraper en cent ans « plusieurs siècles de retard »- tout le monde ne s’accordait pas toujours à dire que la colonisation avait forcément posé les jalons d’un développement durable-, c’est d’abord, à l’évidence, parce que l’unité prétendument voulue et poursuivie par le Président Mobutu n’était que de pure façade, illusion et artifice. Si vint le 24 avril 1990, ouverture historique au pluralisme politique, c’est bien sur sous la pression étrangère, mais aussi par le fait d’une Eglise de plus en plus impliquée en politique sous la férule de Mgr Monsengwo, archevêque de Kisangani. Le peuple zaïrois, lui-même, n’y était pas étranger non plus, après avoir été si lontemps sacrifié au profit presque exclusif de l’ethnie Ngbandi, où était notamment recrutée la garde prétorienne de Mobutu, la D.S.P. On ne saurait, en outre, négliger le rôle d’une économie complètement ravagée; l’effondrement massif de la Gécamines, suivant de peu le spectaculaire éboulement de Kamoto, intervient un peu comme l’ultime symbole d’une déliquescence maintes fois prédite. Par l’incorrigible jeu des commissions, prébendes et matabiches, Mobutu avait acheté la gratitude et la fidélité de ses courtisans. Et, non des moindres, ces milieux d’affaires étrangers qu’il faisait graviter inlassablement autour de lui dans le cadre d’investissements herculéens (barrage d’Inga, le palais de Gbadolite avec son aéroport international,…) auxquels il attachait le prestige factice de son pays.
L’ex-président zaïrois est décédé le dimanche 7 août 1997 dans une clinique de Rabbat au Maroc.