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Hommage à Sony Labou Tansi Poète et penseur Kongo

Source : Adama Ayikoué

14 juin 1995-14 juin 2009, voici 14 ans, jour pour jour, que l’écrivain Kongo Sony Labou Tansi n’est plus. Aussi il nous est permis de lui rendre un hommage, comme cela se fait toutes les années. Et cela à travers la relecture de son œuvre. « Les grands hommes ont un sale destin » selon l’un de ses personnages dans Conscience de tracteur. La « maladie du siècle », il n’est pas honteux de le dire tout haut, la « maladie du siècle » comme dans Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, « ces poux voraces qui vous sucent tout le sang et toute la flotte », a eu raison du grand penseur perspicace, fin poète Kongo et magicien « des mots pour dire les maux », mais aussi gros romancier et dramaturge fabriqué de toute pièce par une coopération culturelle étrangère, pétri de toute viande dans le pisé de la Francophonie.

Quel spécial hommage rendre à l’auteur rompu à l’art de nommer, à l’écrivain qui faisait mourir tellement de personnages dans ses œuvres de fictions que depuis 1973, il nomma sans ambages dans Conscience de tracteur la date et le lieu de sa mort en fixant en juin 1995, la mort d’un personnage ? Les hagiographies et les panégyriques ont couru les anthologies, les revues et la presse : Sony Labou Tansi aurait été, laisse-t-on croire, un génie et un dieu des Lettres africaines. Ces slogans qui dévoilent l’ampleur de sa renommée, slogans relayés par d’autres réclames dithyrambiques, ne profanent-ils pas plutôt l’hommage honnête et lucide qu’on devrait rendre au grand talent de chair faible et de sang fébrile qu’était Sony Labou Tansi ? Condiment privilégié des colloques, des festivals et surtout trop souvent servi à tous les bouillons de cultures des Francophonies, Sony Labou Tansi fut-il un dieu ou un déifié ? « Les critiqueurs″ prédateurs avaient déjà répondu : « son œuvre est surfaite ». Pour tirer Sony Labou Tansi de la boue des critiques méchantes et des griffes d’envieux détracteurs en panne de célébrité, il faut le rétablir dans sa vérité (tel qu’il est dans sa poésie), le présenter dans la fraîcheur de sa viande humaine en décapant les boursouflures, les surcharges et les fioritures, les démesures flagorneuses et intéressées qui le souillaient et le défiguraient pour lui rendre un hommage sincère et réaliste.

Victor Hugo disait : « Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel, il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’homme ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que Marcel Ntsoni fut un personnage complexe que seule une découverte de l’intimité de son âme permettrait de se garder de méprises et d’illusions. Lui rendre cet Hommage mérité et juste, c’est lui faire revivre sa « peau cassée », c’est le montrer en train de « cogner sur le mur sa solitude sous le regard blanc de la mort ». Lui rendre hommage, c’est se faire spectateur de Marcel enfant au village et dans les écoles, c’est se faire spectateur du talent d’écrivain qui couvait sous l’injure de la méconnaissance, spectateur de l’écrivain déguisé en enseignant et ballotté de villages en villes, toujours brûlant du désir de sauter aux yeux un jour, spectateur de sa parachute volontaire dans la politique après avoir été hissé au pinacle de la gloire internationale. Il faut applaudir l’écrivain sans se laisser éblouir. Il ne jette pas la poudre aux yeux mais la poésie au cœur et des idées dans la cervelle. Il n’est qu’un homme.

Une enfance au village aux sources de la tradition Kongo après la honte de naître :
L’écrivain avait inscrit sur sa carte de visite :
Métier : Homme
Fonction : Révolté

C’est bien sous le signe de la révolte qu’il vivait sa naissance frappée de lâcheté et d’indignation. Marcel est né le 5 juillet 1947 à Kimwanza dans l’actuel République démocratique du Congo, dans un village situé au bord d’une rivière, la Loya. Son père Massoko Labou Paul et la première femme de celui-ci étaient originaires de ce pays. Sa mère, Bidounga Georgette, seconde femme de son père eut sept (7) enfants dont il fut l’aîné (6 garçons et 1 fille). Marcel accueillit très mal son état de premier enfant issu de deuxième lit. Il en a peut-être honte et tente souvent de cracher sur l’importance de la naissance. Il répondait à Bernard Magnier dans la revue Equateur: « La naissance est un hasard et je ne me sens pas lié par cet état-civil ». On peut soupçonner qu’il souffrait d’être le fruit d’une illégitimité et d’avoir par voie de conséquence hérité dans ce mariage coupable et maudit des faiblesses de la chair et partant du péché. Dans sa poésie, dans la quête de son intimité même et l’aveu sincère de ses sentiments, il s’écrie :

« Maman / pour quelle triste raison / m’as-tu enfanté péché / troué / pris au piège / de la /sainte vierge matière / frapper du poing / c’est moche ».

Ne se serait-il pas projeté dans le personnage de Dadou dans L’Anté-peuple : « Quand une femme est belle et que vous refusez de la trouver belle, dites-vous qu’il y a anguille sous cœur » ?
Chez Sony Labou Tansi, c’est par la femme que le péché arrive, c’est elle qui provoque (comme Eve dans le Jardin d’Eden), ce sont elles qui tombent amoureuses les premières : Yavelde, la fille aux lunettes dans L’Anté-peuple; Alleando Calero, la femme de Lucien Goldman dans Les Yeux du volcan ; La petite Banos Maya dans Le Commencement des douleurs.

Et pourtant, Sony Labou Tansi aimait tellement la dignité :

« Avec tant de ciel / dans les côtes

avec un cœur qui sent / le caca / remporter la vie / durcir presque / se trouver / une vie ».
Le motif de sa douleur est si présent dans les paroles de ses personnages :

« J’ai si faim d’être aimé ».
« Condamné à rincer, à récurer et à ratouiller sans cesse la vaisselle d’une naissance loupée ».

Quand il découvre les manipulations de sa mère, il déclare :

« J’ai presque détesté mon père que je croyais falot avant de comprendre que c’était un homme de valeur. Ma mère aux fortes qualités faisait tout pour que je ne voie pas mon père ».

Sony Labou Tansi a passé son enfance au village, sous la protection de sa grande mère et fut nourri des légendes et des subtilités de la langue kongo (le kikongo). Il reconnaît l’influence de cette culture de base dans son inspiration littéraire : « Eh bien, je vais tout avouer : j’ai lu mais j’ai subi l’influence de ma mère et celle de ma grand-mère. Ces deux femmes m’ont aimé et la littérature étant en gros une forme d’amour, elles ont profité de l’amour dont elles m’ont aimé pour m’influencer en littérature ».

Le petit Marcel fit ses études en kikongo au village paternel, puis à Mbanzalélé à « 13 kilomètres, je crois » et à l’école protestante à Soundi-Loutété : « Les 13 kilomètres, nous les faisions tous les jours en courant avec des cerceaux, en jouant » (Entretien avec Bernard Magnier).

A 13 ans environ, son oncle maternel l’amène au Congo Brazzaville pour étudier en français. C’est le temps d’un grand changement dans sa vie. Il part des bords d’une rivière pour le grand fleuve Congo, d’un milieu protestant à un milieu catholique, de la famille paternelle à la famille maternelle. Admis au CM1, il commence difficilement et douloureusement à apprendre le français. Après le succès au concours d’entrée au collège, il entre à l’internat à Boko à 75 kilomètres de chez lui. Il était attiré par les livres et souffrit de la barbarie des bizutages. En classe de Troisième, il écrit son premier récit, Le Premier pas pour réagir contre cette pratique odieuse en y racontant l’histoire de quelqu’un qui arrive dans un milieu hostile. Il poursuivit sa formation au Lycée de Brazzaville, puis à l’Ecole normale supérieure. Il est envoyé en 1971 à Kindamba comme professeur de français et d’anglais. Il sera muté successivement à Boko, Directeur de collège à Mindouli où il épouse Pierrette Kinkala, puis à Pointe-Noire.

Sony Labou Tansi, grand penseur et poète inconnu, hanté par le désir de sauter aux yeux :
Sony Labou Tansi a lutté dur pour se faire connaître. Il était un grand poète inconnu qui brûlait du désir de se révéler au grand public. C’est donc par la poésie qu’il avait commencé et excellait. Il envoyait ses recueils de poèmes à Senghor. Senghor alors président du Sénégal reconnaissait son grand talent. Il l’avoua lors d’une visite officielle au Congo à Henri Lopès alors Premier Ministre. Ce dernier l’explique :

« A un moment dans la voiture, Senghor m’a dit que nous avions, au Congo, un jeune poète remarquable… Or ce n’était pas à Tchicaya, un auteur à ses yeux confirmé, que pensait Senghor… Il m’a affirmé avoir consigné sur un petit carnet le nom qu’il cherchait… C’est ainsi que Senghor m’a donné le nom de Sony Labou Tansi qui m’était totalement inconnu ».

Sylvain Bemba lui-même avoue : « A vingt ans, Sony était déjà un poète accompli … ».

Malgré son talent et bien qu’il ait obtenu des préfaces de Senghor pour ses recueils de poèmes, il ne réussissait pas à les faire publier pour se faire connaître. Un peu déçu, il dit : « Pour faire publier des poèmes, il faut d’abord avoir un nom ».

Il est foncièrement poète d’un talent rare mais était condamné au silence. Il est reconnaissant envers Senghor qui voulait le tirer de la nuit de cette méconnaissance : « Senghor est un homme comme il ne s’en trouve pas beaucoup par siècle… Je ne sais pas s’il y en a beaucoup au monde, des chefs d’État qui peuvent avoir une correspondance suivie avec un petit poète perdu dans la petite brousse congolaise ».

C’est toujours dans la recherche d’un nom, de la célébrité nécessaire pour faire publier ses poèmes qu’il commence à écrire du théâtre pour le concours de Radio France Internationale. Il remarqua, malin qu’il était, que la politique de la coopération culturelle française privilégiait le théâtre. Il écrivait des pièces théâtrales, pas par talent naturel de dramaturge, mais comme un devoir pour gagner le concours et se faire connaître. Il voulait se servir de ce concours pour sortir de la nuit. On dirait même qu’il en était venu à la supplication pour que le jury de ce concours le hisse. Quand il commença à envoyer ses premiers manuscrits au concours RFI, ses objectifs étaient donc clairs. La première pièce intitulée Monsieur Tout-court fut envoyée avec le pseudonyme SONY – Ciano Soyinka. Voulait-il jouer sur la psychologie du jury en empruntant à Wolé Soyinka, son nom déjà célèbre ? Il faut se poser la question quand on sait qu’il dira plus tard que Wolé Soyinka est pour les jeunes en littérature ce que Platini est pour les enfants en football. Tout le monde veut devenir Platini. De plus, Françoise Ligier, l’une des personnes qui l’ont aidé à trouver un nom déclare : « Sony ? Il avait envoyé en 1970 au concours théâtral interafricain une première pièce passablement fumeuse : Monsieur tout-court. Compréhension difficile. Mais il avait accompagné cette œuvre de poèmes où se révélait une étonnante sensibilité servie par une façon toute personnelle de maltraiter et de recréer le français ».

Dans une lettre datée du 5 décembre 1968 et adressée aux organisateurs du concours théâtral interafricain, Marcel Ntsoni suppliait presque en ces termes : « Sans désir aucun de réveiller votre clémence, je juge nécessaire de vous apprendre que je suis un débutant, qui voudrait un jour aller loin, et que, si je me présente à un concours, c’est dans le seul but de m’offrir une chance d’être lancé, ou seulement remarqué ».

Sony Labou Tansi fut pour les besoins de la cause, entretenu et soutenu par Françoise Ligier et José Pivin. Jean-Michel Devesa conclura à ce propos : « Ce sont eux qui ont, en quelque sorte « inventé″ Sony en lui ouvrant les portes du cercle des jeunes espoirs de la littérature africaine d’expression française ».

L’écrivain fut donc « lancé″ comme il le désirait tant puisque avec Conscience de tracteur, il gagna finalement un prix. Mais cela ne lui permettait pas toujours de publier ses poèmes. Il est déçu car c’est là où il se reconnaît un grand talent. Il écrit à Sylvain Bemba qu’il ne croit plus pour la poésie et qu’il se fait une voie pour le roman. Il y a lieu de s’interroger sur la réclame faite à ses œuvres et sur ses rapports avec la coopération culturelle française. Une suspecte critique littéraire élogieuse et flagorneuse en est presque venue à le proposer comme modèle à suivre. Sa troupe de théâtre, le Rocado Zoulou Théâtre qui était assistée et même choyée par la coopération culturelle française servira de tremplin pour sa gloire internationale. L’écrivain évoluera dans ce réseau étroit et dans des genres auxquels, il n’est pas sûr qu’il fût naturellement doué. Limbvani fait le constat suivant : « Sony est devenu prisonnier de ce système d’aide à la création. Chaque année, il devait écrire et monter une pièce pour pouvoir justifier de ce soutien ».

Il n’est pas facile de publier L’État honteux en 1981 et de continuer à vivre paisiblement dans un État dictatorial comme le Congo. Sony Labou Tansi était alors protégé par les autorités françaises contre les autorités politiques congolaises. Et cela à juste titre car comme l’affirme le metteur en scène Christian Remer : « La Francophonie, pour qu’elle existe, il faut qu’elle puisse s’appuyer sur des talents, une troupe et un écrivain ».

C’est alors que Sony Labou Tansi devait être utilisé. Si le sort a obligé notre poète à écrire des pièces théâtrales et des romans, il n’avait fait que suivre la pente des deux voies qui lui furent offertes et ouvertes pour triompher. En réalité, il était né poète et penseur. La preuve en est que les facteurs déterminants du succès de ses œuvres résident dans la poésie des mots, dans la magie de sa verve, dans les pensées profondes qu’il insinue sous les mots. C’est sa réelle zone de séduction et son centre de gravité. Le reste relève de l’apprentissage et de l’effort. L’on juge souvent la qualité d’un théâtre en se basant sur trois facteurs : l’espace, les objets et le jeu. En lisant les pièces de théâtre de Sony Labou Tansi, on a tout lieu de s’interroger sur la place qu’il donne à ses trois facteurs, sur son réel talent de dramaturge dans le traitement de ces critères d’éléments de théâtralité, dans la description par exemple au niveau des didascalies de l’espace scénique, de l’espace ludique, du décor, des objets pour la mise en scène, des jeux de déplacement, de regard, de gestes. La pièce de théâtre est un projet de théâtre, c’est-à-dire, un projet de mise en scène pour la création du théâtre proprement dit. Arrive-t-on toujours à trouver dans les pièces de théâtre de Sony Labou Tansi le minimum d’indications pratiques utiles à la mise en scène, à l’orientation, l’atmosphère et aux conditions de création du théâtre qu’il écrit sans trop trahir sa fiction ? Ne laisse-t-il pas plutôt le plus dur à faire au metteur en scène ?

Les metteurs en scène qui l’ont souvent assisté pour créer ses représentations théâtrales ne cachent pas ce manque qui est plutôt une déviation de ses qualités de poète : Guy Lenoir constate : « A mon sens, l’apport de Sony réside d’abord dans son écriture… »

L’écrivain lui-même reconnaît les limites de son écriture théâtrale et il accepte que le metteur en scène refasse le travail dans la création de la représentation. C’est justement ce à quoi fait allusion Guy Lenoir quand il ajoute : « Sony a la qualité de ne pas avoir le fétichisme du texte… Il comprend que le metteur en scène soit amené à trancher, à retailler ».

Chantal Boiron pour sa part dira de Sony Labou Tansi, autodidacte de la mise en scène : « … Alors évidemment, Sony n’était pas un inventeur, un novateur de la mise en scène… Sony était d’abord un poète de la vie, un poète de l’humain. Ce rapport à la vie, on le sentait, depuis son sourire jusqu’à son écriture vivante et chaleureuse, qui avait du souffle ».

Opportuniste de dramaturge, il est aussi un romancier d’occasion. On peut s’interroger sur la sophistication de la trame de ses récits romanesques. Le baroquisme, l’affabulation toute crue, les images poétiques suffisent-ils pour faire un grand roman ? L’entrée narrative in media res qui exige beaucoup de doigté, de l’adresse et un grand talent de romancier est presque inexistante.

Au niveau macro-structural, aucune place au suspense. Il soumet plutôt son lecteur à sa verve, à la poésie, à des perles de pensées heureuses.

Enfin, je regrette de n’avoir pas eu la chance de rencontrer l’écrivain congolais Sony Labou Tansi parler, faire des réflexions inattendues. Sans risque de me tromper (même s’il faut parler sous la surveillance et le contrôle de ceux qui l’ont connu et côtoyé) je peux corner à la face du monde qu’il est un cerveau et un cœur. Ce sont les réflexions pertinentes, la personnalité même, l’inventivité dans ses discours oraux et la profondeur de ses opinions qui ont donné raison à ceux qui le proposaient au suffrage de la célébrité. Il a démontré ses qualités, assumé ses gloires et honoré ses mérites. Il y a quatorze ans exactement au jour d’aujourd’hui que Marcel Ntsoni « est parti à M’pemba », au royaume des morts de la tradition kongo. Je voudrais que cet hommage à Sony Labou Tansi à l’occasion de cet autre 14 juin soit placé sous le signe de ses valeurs de poète exceptionnel et de penseur kongo. Puissent en « écoutant » Sony Labou Tansi, nos oreilles entendre battre son cœur et vibrer ses idées, en jouant Sony profiter de son théâtre pour nous jouer de la vie, en lisant Sony comprendre qu’il n’y a pas meilleur romancier que la bouche du peuple.

14 juin 2009
Adama AYIKOUE (Professeur de lettres d’origine togolaise)

Références bibliographiques :
Labou Tansi (Sony) : La Vie et demie, Paris, Le Seuil, 1978
L’Etat honteux, Paris, Le Seuil, 1981
L’Anté-peuple, Paris, Le Seuil, 1983
Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, Paris, Le Seuil, 1985
Les Yeux du volcan, Paris, Le Seuil, 1988
Le Commencement des douleurs, Paris, Le Seuil, 1995

Labou Tansi (Sony) : L’Autre monde, écrits inédits choisis par Nicolas Martin-Granel et Bruno Tilliette, Paris, Revue Noire, 1997.

Devesa (J-M) : SONY LABOU TANSI, Ecrivain de la honte et des rives magiques du Kongo, Paris, L’Harmattan, 1996

Revue Equateur, N° 1, Paris, 1986