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Les leviers d’une résistance efficace

Placée sous le thème « Une autre Afrique est possible. Résistances populaires et alternatives », la troisième édition du Forum social africain ne sonne pas le départ pour une nouvelle mobilisation autour de cette double dynamique. Elle tend plutôt à conforter les élans populaires qui se dessinent et se renforcent un peu partout en Afrique. Président du Forum social africain, Taoufik Ben Abdallah a parlé hier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture organisée au centre international de conférence Mulungushi, d’un « hommage » à rendre « aux différentes formes de résistance menées par les peuples africains contre les politiques néolibérales qui les écrasent ».

Ces résistances africaines de type nouveau sont le fait des syndicats, des groupes de jeunes, de femmes et autres organisations qui se battent quotidiennement contre les privatisations des services de base de comme l’eau, l’électricité, la santé, etc. Refusant ainsi « que nos ressources collectives soient affectées à une minorité de personnes », a indiqué M. Ben Abdallah, critiquant l’agrandissement du fossé des inégalités entre les riches et les pauvres. Ces résistances, pour être efficaces, devraient cependant être mieux organisées. D’où la « nécessité de construire un mouvement social fort, autonome et capable de proposer des projets alternatifs. Depuis trois ans, s’est-il félicité, le mouvement social africain avance dans ce sens à travers l’organisation de forums nationaux et régionaux, et en prenant une part active aux nombreuses batailles sur le continent et ailleurs contre les institutions internationales ».

Si cette dynamique offre aux acteurs sociaux du continent plus d’opportunités de rencontres et d’échanges, le dialogue entre les différentes composantes du mouvement, a-t-il déploré en soulignant les difficultés de la société civile à changer les choses à cause de sa faible influence politique. « Nous sommes fragmentés. Il n’y a pas suffisamment assez d’efforts sur le plan politique pour changer les choses. Nous avons encore du chemin à faire dans ce domaine », déplore le président du Forum social africain.

L’agenda de la mobilisation est pourtant chargé. Les différents orateurs qui se sont succédé ont aligné les urgences en dénonçant les privatisations des services sociaux de base comme l’eau, l’électricité, le téléphone, la santé. « Nous sommes déjà pauvres, si nous les laissons privatiser ces services, nous serons obligés demain de les payer plus cher », s’est exclamé l’Egyptien Sani Hamid. La corruption et la dictature ont aussi été critiquées comme étant à la base de l’arriération du continent. Avec ce credo qui revient comme un leitmotiv : les Africains doivent se mobiliser pour combattre l’accaparement des ressources collectives par des dirigeants corrompus et véreux. Il est temps que la société civile cherche à peser sur les acteurs politiques en les obligeant à rendre compte de leurs actes au peuple, ajoutent de nombreuses voix dans ce forum. Sans des pouvoirs politiques légitimes soumis à la sanction des peuples en cas de manquements, ont fait remarquer les intervenants, l’Afrique aura du mal à sortir de l’ornière.

20 décembre 2004

Bréhima Touré