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G.Huguette Sathoud: l’infatigable défenseure de la cause féminine

Si le chemin des Droits de la femme dans ce monde est long, rocailleux et plein d’embûches, il faut donner à Ghislaine Nelly Huguette SATHOUD la force, le courage et le mérite de continuer inlassablement ce difficile combat de la liberté et de l’émancipation.

Force est de constater qu’au cours de ces dernières années, l’illustre écrivaine a ardemment milité et bataillé durement pour se faire entendre et donner à la Congolaise sa rayonnante image de mère porteuse d’amour et partageuse de bonheur. Mais aussi et surtout celle d’une femme que l’on doit absolument respecter par ses devoirs et droits qui lui incombent et lui reviennent par rebondissement. Ou par ce que l’on appelle singulièrement en jargon scientifique l’effet « de chimiotactisme positif ». En filiation avec cet attrait bienveillant, bienfaisant que l’homme éprouve naturellement devant sa moitié qui n’est autre que lui-même. Dans la fusion totale, idéelle et sacralisée de l’amour pur. Cette conception ancienne et transcendantale que véhiculaient nos ancêtres.

Ainsi « la poétesse au regard extasié » s’inscrit dans la logique du grand combat de la femme. Cette lutte inexorable qu’elle mène par la voie de la voix et de l’écriture. Ces deux instruments de vocation qu’elle manie avec maitrise de bon aloi. Et d’absolue nécessité pour mettre fin au conservatisme rabique qui ronge la société africaine et les inégalités réelles qui érodent le monde occidental et les discriminations criardes qui fissurent le monde dans sa globalité. C’est avec ses pinceaux que la prolifique et polyvalente écrivaine Congolaise s’évertue à exorciser le mal de la femme à travers les pièces de théâtre, à relater les atrocités de la mère par le biais des Contes et par le truchement des Conférences et débats à dénoncer l’oppression infligée à celle-ci. Tels sont les axes principaux de la défense de cette figure de prou dans ce monde segmenté par la domination masculine et dont la montée du féminisme infléchie la donne par la restauration du genre et de la parité. Avec elle le féminisme devient l’arme qui doit servir la femme et non l’asservir.

De son premier livre en 2005 intitulé « Hymne à la tolérance » à l’art de la Maternité chez les Lumbu du Congo en passant par le Combat des femmes Congolaise, les Femmes d’Afrique Centrale au Québec et l’Amour en migration, cette singulière femme a fait des Femmes son unique combat dans la recherche de l’égalité dans la différence et le respect des droits et libertés fondamentales. Ces principes essentiels qui fondent l’humanité.

C’est une vision humaniste de la conception de la discrimination des femmes que cette dramaturge, nouvelliste, essayiste fait montre explicitement par ses idéaux. Et qui se dessine merveilleusement dans ses œuvres de lumière dans ce monde victime de l’obscurantisme total des dirigeants.

A l’image de ces œuvres manifestes marquées par l’éternelle situation de la femme, son écriture est un sceau de l’engagement et de la passion dévorante pour sortir la femme du bourbier des conditions infâmes et de l’indignité humaine. C’est un éternel voyage entre le Congo sa terre ancestrale et son pays d’accueil le Québec que l’auteure nous amène à travers ses ouvrages. Avec son célèbre slogan « seule la lutte libère » à la bouche pour briser les interdits, bousculer les tabous et améliorer ainsi la condition des femmes.

Au regard de ce qui vient d’être exposé lapidairement, il en découle que le parcours de cette courageuse femme se comprend à la lumière de son sublime combat et à travers sa vision grandiose.

Son unique combat

Ainsi cette fervente défenseure de la cause féminine œuvre sans cesse à faire restaurer la loi et les normes permettant de libérer, de protéger et de défendre. C’est toute cette entreprise intrépide que cette vaillante exerce par le biais de l’écriture, de la parole et des actions concrètes pour faire passer son message de solidarité, de justice et d’égalité.

Cette figure incontournable use l’encre de sa plume romancière, déploie ses ailes lyriques pour insuffler voire seriner dans le cerveau de l’humain ankylosé, chloroformé et formaté par les clichés et pensées sexistes nébuleuses. Elle cherche à faire taire tous les discours et prises de positions outrancières de discriminations et de rejet systématiquement de la femme dans le champ de grandes décisions du monde. C’est ce refus manifeste face à ces inégalités monstrueuses et divisionnistes que l’homme épris dans un tourbillon de machisme exprime insidieusement à l’égard de la femme. C’est à l’image des grandes figures féministes mondiales qui militent depuis un demi-siècle qu’elle tire le modèle de combat à la domination masculine, à ses lois et à ses mentalités.

A l’heure du modernisme effréné, elle s’insurge contre le pouvoir conservateur, contre toutes les traditions tatillonnes et coutumes séculaires rampantes qui lézardent tous arbres florissants préfigurant les grandes avancées des conditions de la femme. Fustigeant littéralement le traitement infligé à la femme dans le monde rural, elle vante l’idée de l’intégration de la femme dans toutes les sphères sociales, politiques et économiques voire environnementales. C’est le rôle majeur que la femme doit jouer dans les villages, les campagnes, les villes africaines où elle est souvent réduite aux taches ménagères, aux travaux champêtres et confiner au poste de gardienne du foyer. C’est cette impuissance relative imposée par l’homme que cette voix de la raison conquérante conteste sans fin dans ce monde.

Son unique combat reste de donner à la femme sa raison d’être et de vivre. De ne point changer le monde mais de participer à la conscientisation d’ensemble. Face à la montée de la violence et de la pauvreté chez la gente féminine. Pour elle, le féminisme n’est pas un vain mot, ni un discours désuet. Il est, au contraire, d’actualité, contemporain. Et son but ultime: c’est abolir toute forme de domination. Celle d’un sexe sur l’autre, d’une couleur de peau sur l’autre, d’une orientation sexuelle sur une autre, etc. Car cette femme africaine cherche avant tout: « l’égalité entre tous ».

Cette véritable combattante veut donner à la mère « qui allaite, gouverne les pas et ouvre les yeux aux prodiges de la terre » comme disait Camara LAYE une autre fonction humaine, salvatrice et glorieuse. Celle d’une femme à la commande des unités de productions, celle d’une femme qui occupe la place de cheftaine de village, d’ardente défenseure et protectrice des normes. Et par conséquent celle qui, par dessus tout, oriente et prend l’initiative et les décisions politiques. C’est une femme de pouvoir, responsable, aimée et aimable que l’écrivaine de lumière intègre dans sa vision et philosophie même de féministe de première heure au Congo. Bien sûr, à la lecture minutieuse des ouvrages multiples de Gislaine Nelly Huguette SATHOUD sa conception du féminisme est somme toute positive et fort constructive. Si loin du courant féministe radical embourbé dans la vengeance et la haine viscérale.

Oui, cette poétesse dans l’âme incarne cette idéologie moderne dans la défense des intérêts de la femme. Ces intérêts qui symbolisent les droits de l’Homme. En exaltant pour dessus bord cette sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, elle rejette toutes mœurs gangreneuses qui enchainent la femme et la relègue au second plan. C’est ce cantonnement au rôle mineur que l’auteure explicite dans son ouvrage l’art de la maternité quant elle souligne que la femme semble encore reléguer au second plan à cause de la maternité qui la différencie de l’homme. Dans le rôle réducteur de donner des vies et sans en donner l’évolution et le progrès aux fruits de ses entrailles dans l’épanouissement et le développement de son être. Explicitement, elle célèbre le pouvoir éducateur, formateur et régénérateur de la femme. Tel qu’il fut exercé par les puissantes et antiques femmes Egyptiennes dans la procréation en union avec la déité. Et bien avant par nos ancêtres congolaises. C’est cette initiation sacrée que l’écrivaine partage à travers son expérience de passage de la fille à la femme dans l’art de la maternité. Avec le fameux rituel de l’eau bouillante Gislaine Nelly SATHOUD nous livre le secret millénaire du rajeunissement de la sexualité de la mère. A ce propos elle écrit : « Musonfi » est bien plus qu’une simple appellation, il s’agit d’un symbole, toute une tradition se résume dans cette représentation. Et elle ajoute: « En fait, quelques autres symboles pourraient s’associer parfaitement à cette appellation « Musonfi » : la beauté, le rayonnement, la joie de vivre et bien d’autres encore… »(1)

Une vision grandiose de la femme

Ghislaine Sathoud, sereine et convaincue, porte une vision symbolique de la femme. Sa vision de la femme est grande et universelle. Elle n’est guère d’une tribu ni d’un clan. Car son œuvre globale insère le monde dont elle cherche à apporter la pierre pour l’édifice commun. L’humanité. Cet humaniste altruiste montre la dimension sociale et culturelle de la femme qu’elle veut intégrer dans le pluriel. Et non dans le singulier du monde égotique. Doctrine des sexistes et des ségrégationnistes résolument claquemurée dans la division et la séparation d’avec le monde Un.

A l’antipode des courants passéistes et rétrogrades, ses contes et ses nouvelles peuplent l’univers de ses pensées dans l’insertion de la femme dans l’ère de la parité. La femme doit au même titre que l’homme occupé les postes de travail égal et obtenir un salaire commun à la hauteur de ses talents et compétences. Elle rejette la marginalisation totale de la femme. C’est plutôt cette reconnaissance des qualités de travail, de mérite et non de beauté que cette implacable dame de cœur et de conviction exprime à travers sa démarche héroïque de la sauvegarde des acquis de la femme dans ce monde où elle se veut être libre et indépendante. Avec sa délicate attention, elle nous met en garde contre le renoncement, l’impatience, et donc de ne point lâcher prise… Et de ne point oublier les souffrances endurées par nos mères africaines dans les villages reculés, enclavés pour nourrir la famille. Tous leurs sacrifices humains poussés à l’extrême au nom de l’amour et du bonheur des siens et de la patrie même. Son cœur éploré nous conseille: « ne peut passer sous silence les difficultés des femmes à la campagne, qui travaillent de longues heures dans des conditions de pénibilité extrême voire insupportables. » (2)

Ainsi avec l’amour en migration l’écrivaine fait une analyse bilancielle: « …Femme. De ma naissance à aujourd’hui, j’en ai vu de toutes les couleurs. De mes premières règles à ma ménopause, beaucoup de choses se sont passées. Du haut de mes cinquante cinq ans d’existence, je ne peux pas dire qu’il n’y a pas eu de l’animation. Plusieurs grandes secousses ont mis ma vie à rude épreuve. Je n’ai pas baissé les bras. Je n’ai jamais baissé mes bras. Je n’ai jamais cédé à la fatalité. J’ai toujours gardé espoir. À mon sens, une femme doit prendre sa place dans la société. Une femme doit faire son chemin. Elle a droit à sa place. Sa voix doit être entendue. La femme est une personne à part entière qui doit jouer son rôle, assumer des responsabilités à sa manière. Plus les discriminations sont nombreuses, plus j’aime relever le défi d’être une femme. » (3)

Et sa pièce de théâtre -les maux du silence- une femme en pleurs-mise en scène sur les tréteaux de Sherbrooke au Canada à l’occasion de la marche mondiale des femmes, elle crie que les femmes africaines sont plus malheureuses en Occident qu’en Afrique et évoque le concept de la dépendance.

« Des Femmes d’Afrique centrale au Québec au Combat des femmes du Congo-Brazzaville, une seule préoccupation pour l’auteure : montrer et dénoncer les affres que subit la femme africaine en général et la Congolaise en particulier dans cette société des hommes où le masochisme semble se révéler dans la plupart des nations, surtout dans les pays du Sud. Le Combat des femmes du Congo-Brazzaville, une réflexion qui peut se lire sur fond d’autobiographie et d’expériences sociales personnelles », écrit Noel Kodia Ramata (4)

Mais dans l’ensemble l’auteure dans ses œuvres met en exergue la valeur de la femme africaine. Elle plaide l’honneur et la fierté des femmes en leur rendant un vibrant hommage. En raison de la lutte inlassable qu’elles mènent pour leur émancipation, leur épanouissement en dépits des préjugés. Dont elles sont en proie tant en Afrique qu’en occident à cause des différences culturelles. Pour elle, certaines coutumes draconiennes et traditions surannées vont à l’encontre des idéaux nobles exaltés par les Nations Unies pour le développement dans le monde. Ou pis encore ils sont à l’antipode de la promotion du genre et de la parité. Ces vecteurs de construction de l’inégalité rompue et discrimination effacée pour l’unité entre Hominisme et Féminisme. Ces vecteurs de structuration de l’humanisme pluriel. Ce vaste monde de l’homme et de la femme avec leur identité acceptée et respectée. C’est cette identité de la femme que la militante acharnée revendique au nom de la modernité et du progrès des mœurs. Et au nom du respect de la démocratie inclusive et de vertus républicaines. Sans injonction extrême de religiosité dont elle garde précieuse les valeurs pérennes de l’unité et de la fraternité.

De plus, dans sa « lutte féroce qui donnera le salut », cette femme active dans le monde associatif et culturel a évoqué aussi dans son ouvrage « Les femmes d’Afrique centrale au Québec » le lancinant problème de l’immigration de la femme. Un autre volet pour montrer du doigt les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes hors de leur pays d’origine. Parmi ces maux elle cite, entre autres : l’affront d’une autre culture, le regard de l’autre, etc. En somme, elle dit: « la femme immigrante hérite déjà de la discrimination envers toutes les femmes. De plus, en tant que femme immigrante, elle subit encore plus de discrimination »(5)

Installée au Québec avec sa famille, ce n’est guère une lutte politique exacerbée que cette voix majeure de la littérature Congolaise s’évertue à pourchasser loin de son pays natal. Mais un idéal de justice et de paix dans une société mondiale où l’homme parfois despote piétine les règles communément admises. Celles qui célèbrent l’amour du monde. Celui qui considère l’autre, la femme comme un être à respecter et aimer dans un indissoluble lien d’amour.

Cette parité dans la légalité et dans l’inégalité compensatrice que professe cette brillante écriture dans la défense grandiose et perpétuelle des causes réelles. C’est l’égalité des chances issue de la protection et de la défense des valeurs cardinales qui fondent la famille unie que conseille cette congolaise visiblement versée dans l’océan de l’entente, de l’harmonie et l’équilibre des couples.

Ainsi, elle se situe à contre courant des toutes les impunités totales qui minent les sociétés africaines et occidentales où les violences physiques, psychologiques et morales sont monnaies courantes. Toutes ces femmes battues, molestées, torturées, violées restent l’unique dessein de son combat dans les sociétés rongées par les esprits malséants, fous et potentiellement dangereux. Ces faiseurs de troubles publics qui utilisent l’arme, le pouvoir, la puissance voire la séduction pour fouler au pied les lois universelles et protectrices de la femme.

Avec cette voie de la défense de la femme, elle est l’éminente avocate dans cette arène mondiale où son esprit éveillé et humaniste symbolise une lutte sans fin des causes justes. Celles qui animent sa vie, éclairent ses écrits et illuminent son parcours héroïque. Dans ce monde où elle passe son message vibrant demeure…et l’espoir aidant s’élève dans ses œuvres déjà amorcées. Celles qui viennent nous souhaitons à l’artiste née une lumière qui éclaire la route de la « vainqueure ». Que l’histoire dira d’elle. Assurément!

Yves Mâkodia Mantseka
http://ynkodia.unblog.fr/

Notes:

(1): Lire L’art de la maternité chez les LUMBU du Congo, page 64
(2) : Lire Les femmes d’Afrique centrale au Québec, page 51
(3) : Lire L’amour en migration, page 14
(4) : Lire in www.afrology.com et Afrique éducation du 246
(5): Lire entretien réalisé par Planète Afrique.com in Site Officiel Ghislaine SATHOUD

Bibliographie de l’auteure:

Poésie
Poèmes de ma jeunesse Pointe-Noire: Éditions I.C.A., 1988. Poésie
L’Ombre de Banda Paris: Éditions C.B.E., 1990. Poésie.
Pleurs du cœur Paris: Éditions Expédit, 1995. Poésie.

Théâtre
Les Maux du silence. Maison Culturelle Les Ancêtres (Canada), 2000

Nouvelle
Les Frères de Dieu Québec: Éditions Melonic, 2006. (72p.).

Conte
Itiana Montréal: Éditions Carte Blanche, 2002

Romans
Hymne à la tolérance. Québec: Éditions Melonic, 2004
L’amour en migration, Paris : Ménaibuc, 2007.

Essais
Les Femmes d’Afrique centrale au Québec. Paris: L’Harmattan, 2006
Le combat des femmes au Congo-Brazzaville, Paris : L’Harmattan, 2007.
L’art de la maternité chez les Lumbu du Congo Musonfi. Paris, L’Harmattan, (L’Harmattan, Collection Études africaines, 2008)