En ce début d’année, « L’Ombre des choses à venir », le quatrième roman signé par l’auteur Efoui Kossi a atterri sur les tables des bonnes librairies.
Né en 1962 au Togo, Efoui fit des études de philosophie avant de se consacrer largement au théâtre. Sa participation active aux multiples manifestations estudiantines des années 1980-1990, impitoyablement réprimées par le régime implacable de Lomé, l’amena à se réfugier à Nantes, en France. C’est d’ailleurs avec « Le Carrefour » (L’Harmattan, 1989), sa première pièce, que l’ancien étudiant de l’Université du Bénin (actuelle Université de Lomé) a poussé les portes de la dramaturgie. Par ailleurs, ses pièces sont jouées en Afrique ainsi qu’en Europe. Il faut aussi rappeler que Kossi Efoui s’intéresse à la poésie. (Voir ci-dessous l’intégrale de sa bibliographie).
L’ouvrage en quelques lignes
Le narrateur de « L’Ombre des choses à venir », selon Kossi Efoui, est « un jeune homme d’une vingtaine d’années, s’adressant à un auditoire imaginaire, depuis le fond d’une cellule ; ce dernier raconte son histoire, son enfance ».
Cette cellule est en fait une cachette d’où il attend d’être tiré par des hommes qui peuvent lui apporter le meilleur comme le pire (…). C’est ce qui d’ailleurs fait voir que le livre est rythmé par cette attente dont on ne connaîtra l’issue qu’au fil des dernières pages.
Lorsqu’il a neuf ans, son père revint (à la maison, ndlr) après quatre ans d’internement dans un camp à la réputation terrible, appelé la Plantation. Véritable mort-vivant, spectre méconnaissable, ce père ne prononce aucune parole ; il n’est plus dans la vie. Les seuls sons qui s’échappent en secret de son gosier, il les réserve aux oiseaux prisonniers de la boue des marais, dans une forme de communication hors du monde, extra-naturelle. Cependant, une soi-disant nation nouvelle est en construction. On s’y gargarise de slogans creux, de périphrases absurdes. Le contrôle de la parole est un enjeu primordial de tous les régimes. Devenu presque adulte, le garçon refuse cette falsification du langage et ce qui va avec : l’incorporation obligatoire dans une guerre inter-ethnique qui n’avoue pas son nom. Il se cache en attendant la fuite. Paradoxalement, comme pour refermer la boucle, c’est sur les lieux mêmes de la Plantation qu’il va trouver un refuge provisoire, là où la vie de son père est brisée…
La Bibliographie complète de Kossi Efoui :
Romans
– L’Ombre des choses à venir (Seuil, 2011)
– Solo d’un revenant (Seuil, 2008), Prix Tropiques 2008, Prix Ahmadou Kourouma 2009, Prix des cinq continents de la francophonie 2009
– La fabrique de cérémonies (Le Seuil, 2001), Grand Prix littéraire de l’Afrique Noire de l’Association des Ecrivains de Langue Française (ADELF), 2002
– La Polka (Le Seuil, 1997)
Nouvelles
– Volatiles (Editions Joca Seria, 2006)
– La Voiture est dans la pirogue, ouvrage collectif (Le Bruit des Autres, Encres vagabondes, 2000)
– Sans nom propre in Les chaînes de l’esclavage, (Apogée, 1998)
– Indépendance cha cha cha sur fond de blues (Sépia, 1992)
– La tomate farcie et L’horreur du vide (Revue Noire N°23)
– Les Coupons de Magali (Le Monde Diplomatique, décembre 1992)
Théâtre
– Io (Le bruit des autres, 2006)
– Concessions (Lansman, 2005)
– L’entre-deux rêves de Pitagaba conté sur le trottoir de la radio (Acoria éditions, 2000)
– La ballade des voisins anonymes, monologue pour un drôle d’oiseau (Paroles d’Aube, 1998)- Le corps liquide, in Nouvelles Écritures vol. 2 (Lansman, 1998)
– Happy end, in Brèves d’ailleurs (Actes Sud Papiers, 1997)
– Que la terre vous soit légère (Le bruit des autres, 1995)
– Le Petit frère du rameur (Lansman, 1995)
– La Malaventure (Lansman, 1993)
– Récupérations (Lansman, 1992)
– Le Carrefour (Théâtre Sud n° 2 – L’Harmattan, 1990), premier prix du concours théâtral interafricain RFI-ACCT, 1989
Bruxelles, le 22 mars 2011
Marc K. SATCHIVI