par Korh
Violence « juvénile » dans l’hexagone
Manipulation intégriste ou faillite de la république.
Très lentement, mais sûrement, l’Hexagone recouvre le calme et la paix républicaine après les nuits de violences qui ont touché la quasi-totalité du territoire ; en l’occurrence dans les banlieues et dans certaines provinces. La couverture médiatique de l’événement elle aussi connaît une baisse de régime, ce qui fait que dire que l’embrasement de la France il y a quelques jours est déjà en passe de devenir un fait divers n’est pas un euphémisme, d’autant puisque l’Etat policier a une fois de plus encore, gagner son face à face avec les minorités arabo-magrébine et noires vivant en France. Le diagnostic des autorités françaises au regard des événements que rien ne présageait s’inscrit dans une parenthèse dont les deux bornes n’ont aucun lieu de coïncidence : l’ouverture de la parenthèse qui est le constat par le Ministre de l’intérieur du ratage du modèle d’intégration français qu’il invite à réinventer, et la thèse dernière d’une manipulation des jeunes par les milieux intégristes. La méthode de pacification et de rappel à l’ordre, au regard des mesures préventives déterminées par le gouvernement, traduit aussi la confusion de l’Etat français entre diagnostic et prophylaxie. Rapatriement des personnes interpellées dont la culpabilité est établie au détriment de leur qualité de citoyen français, mesures d’accompagnements préventifs pour le reste de la population des « racailles » dans le but de faciliter leur socialisation.
La France Des Paradoxes
Que ce soit la France qui soit le théâtre de tels affrontements en ce début du troisième millénaire, après plus de deux siècles de Démocratie privilégiant la dignité humaine, cela devient inquiétant, et interroge la dimension praxéologique de la devise de l’Etat français : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, une devise riche de sens, instaurant une radicale rupture avec un passé douloureux. Mais plus inquiétant encore, est la décision du ministre de l’intérieur de rapatrier des citoyens impliqués dans les violences et dont la responsabilité est avérée, c’est-à-dire, des personnes qui n’ont pas la marque raciale blanche, fruit du déterminisme biologique. La simple évocation de cette mesure de bannissement traduit un problème grave qui relève de la pitoyable sociologie de certains politiciens fort ambitieux, qui, en manque d’imagination, préfèrent jouer sur le terrain populiste en manipulant les émotions des citoyens plutôt que d’asseoir un débat censé, capable de dégager un consensus sur les questions qui affectent le vivre-ensemble républicain. D’abord cela traduit une grave crise identitaire non pas en rapport avec les minorités en France à qui l’on rappelle sans cesse d’une manière ou d’une autre qu’ils ne sont pas chez eux, mais au niveau des Français eux-mêmes qui en cautionnant de telles mesures, traduisent le sens de l’identité comme une norme fixe, ontologique, qui s’acquière au hasard du déterminisme biologique : la couleur de la peau et de la race- que personne ne choisit au moment de la naissance- et non par l’appropriation culturelle, le processus d’individuation et la socialisation. C’est comme si l’identité ne pouvait plus relevé d’un choix de la personne, comme si être Français est un fait abrupt qui vous tombe dessus dès la naissance, un état purement génétique, un état de nature, et ne peut donc pas s’inscrire dans un devenir. Ensuite, ce serait aussi, cette lecture n’est pas à proscrire, que toutes les personnes qui sont devenues autrement Français ont été bernées et que les charges sociales, les impôts et autres contributions qu’ils payent à l’Etat ne suffisent pas pour faire d’eux des Français à part entière. Ce qui veut dire entre autres que Sarkozy devrait lui-même faire l’économie de son zèle chauviniste et se focaliser sur ses gènes hongrois.
L’esprit des lois et des institutions à couvrir le champ synoptique de la réalité sociale dans la construction du vivre ensemble n’exclut pas la casuistique dans des cas figures où des faits sociaux non prévus dans le code civique affecte les valeurs républicaines et le vivre-ensemble. Les institutions républicaines, considérations faite de la loi fondamentale, sont des réponses à l’esprit et aux tendances d’une époque. D’où la nécessité de leur donner un caractère souple, plastique afin de les adapter aux besoins de chaque processus historique dans l’évolution des peuples, changer ce qui est vétuste, intégrer ce qui manque, et adapter une loi aux couleurs des exigences sociales. Ces processus ne sont pas non plus enclenchés dans l’unique but de mettre hors jeu des adversaires politiques où une classe de personnes qu’on voudrait mettre Knock Out comme cela se passe dans les Etats africains, mais dans le souci de bâtir le juste, de fonder la justice social comme il est requis de l’autorité étatique. Au-delà de cette crise qui illustre encore la réalité d’une France et d’une Europe aux faces de Janus, un coté obscur, obscène et inhumain auprès duquel existe un côté fort louable, c’est une interrogation sur la qualité du modèle social français qui interpelle le plus, sa validité et son opérationnalité dans le contexte d’un vivre ensemble à la lumière des réalités contemporaines.
La question des contenus substantiels comme révélateur d’un mal plus profond
Le ministre de l’intérieur français reconnaissait lui-même au temps fort de la crise de ces derniers jours que le modèle d’intégration français avait échoué. De quelle façon ? C’est ce que personne n’explique et les mesures prises par la droite pour endiguer la crise et émousser la virulence des causes à l’origine sa genèse sont loin de résoudre le problème dont la république est malade. Contrairement à ce qui devient une réponse d’Etat aux violences de ces derniers jours, l’apparition ou l’augmentation de la population des minorités à la télévision ne résout aucun problème. Bref, le système d’intégration sociale français avait déjà été la cible de questions et d’attaques dans l’épisode très épicé de la question du voile. C’était à l’époque la pertinence de la laïcité dans le monde contemporain à la lumière des choix de vie communautaires. Le 23 juillet 2003, Chirac investissait une commission indépendante de dix-neuf membres, présidée par Bernard Stasi, médiateur de la république, du soin de réfléchir sur le principe de laïcité inscrit dans la constitution française eu égard aux couleurs de la société française contemporaine. On connaît la suite. Contrairement aux passions qu’avait soulevé la surdité de la république, face aux appels de certains citoyens d’inviter les contenus substantiels communautaristes relatives à la question du bien dans les institutions républicaines françaises où on débat du juste, il faut avoir la lucidité et le courage de dire aujourd’hui que le problème n’est pas là, que la question du voile voilait un autre débat. Ce n’est pas de la laïcité que l’Hexagone est malade. D’ailleurs, pour ce qui est de cette question, il faut souligner que la république française à une histoire, elle a une âme qui lui est propre et qui donne sens au choix de la laïcité. De la guerre des cent ans à la rupture du Concordat Napoléonien à la loi de 1905, en passant par la monarchie du droit divin, tout prend sens et s’explique. Personnellement, je crois qu’on ne doit pas en vouloir à la France pour avoir fait passer les valeurs républicaines avant les choix de vie communautaires. N’en déplaise à tout ceux qui ça dérange, une loi n’a pas besoin d’être acceptée par tous pour être adoptée. S’il fallait en arriver là nos sociétés seraient le théâtre d’un chaos incessant et la loi de 1905 qui a mis à mal le Saint-Siège n’aurait jamais vu le jour en France. Pour mémoire, elle s’imposait à une France fondamentalement chrétienne. Elle ne s’adressait pas non plus à une minorité agissante et il était bien spécifier depuis, bien avant que la loi de 1905 ait obligé les confessions religieuses chrétiennes à se replier à la banlieue de la politique, au cœur de la société civile, que « le pouvoir religieux est toléré dans la mesure où la juste revendication des droits de la conscience ne s’étend pas abusivement jusqu’à des actes et des ingérences incompatibles avec le droit commun, et que nulle religion ne tente de donner à ses institutions une autorité rivale de l’autorité civile, lui disputant son domaine et tendant à la détruire ». Tolérance complète donc, des choix des valeurs substantielles pour autant que l’autorité civile soit sans rivale dans son ordre.
Bref, la France serait exempte du reproche de son exception au regard du libéralisme politique pour autant qu’on s’intéresse à son histoire et que l’on ne le dépossède de sa souveraineté pour satisfaire un prétendu droit des minorités. D’ailleurs un des reproches qu’on adresse souvent à l’endroit de l’hexagone est la qualité du modèle communautaristes des anglais. « Le mot intégration n’existe même pas en Anglais » dit-on souvent avec un air de reproche. Jusqu’à présent on se réjouit encore des diversités culturelles, et on apprécie à juste titre contrairement à l’unidimensionnalisation du monde la floraison des cultures, le fait que les repères ou les contenus sociaux sédimentés soient multiformes. Le système communautariste qui est présenté comme ayant plus d’égard ou de respect des valeurs substantielles propres aux minorités n’a pas empêché les intégristes de prendre Londres pour cible, pourtant l’Angleterre est citée comme étant le modèle parfait de l’équilibre entre les immigrés et les autochtones. Il faut considérer que la question de la vie bonne évoquée par les minorités arabomusulmanes répond plus à une poussée théocratique et à la volonté de puissance dans le conflit entre l’Occident et le Monde Arabe. Et fondamentalement, le libéralisme politique à vocation d’une conception morale minimale, une base commune de neutralité à l’égard des notions controversées de la vie bonne. Et c’est cette neutralité qu’exprime la laïcité qui est par essence la condition de possibilité de chaque choix relative à la vie bonne. C’est sur les principes qu’il faut accentuer le débat et non sur des ébats émotifs à peine voilés. « Qu’on le veuille ou non le bouclier laïque sauvegarde un refuge ouvert à tous, non pas pluri- mais trans-communautaire ». Ce détour pour insister sur le fait que ce n’est pas le versant de la loi de la laïcité qui affecte la bonne santé de la république. La virulence des débats inhérents à la question des contenus substantiels et toutes les passions qui ont été soulevés traduisent plutôt un malaise social beaucoup plus grand dont il faudrait trouver les racines ; il faut éviter tout amalgame et faire face aux vrais problèmes.
Le basculement de la civilisation dans l’économisme
Un des 19 membres de la commission Stasi, Régis Debray, ne pouvant participer à la délibération avait envoyé sous forme épistolaire sa contribution à ses collègues, contribution dans laquelle on peut lire ceci : « ce que nous voile aujourd’hui le voile, c’est le basculement de civilisation qui affecte, à travers le laïcité et au-delà de l’école, l’être-ensemble républicain ». Ce constat est plutôt savant dans la mesure où il semble toucher du doigt le problème réel dont les symptômes se manifestent par des crises identitaires, le délabrement du tissus national, la faillite du fédérateur national, le fossé entre le savant et le politique. Ce qui met la France dans l’œil du cyclone et explique aussi pourquoi ce n’est pas ailleurs et seulement en France que cette révolte à lieu est fondamentalement une disjonction dans le libéralisme politique au niveau de la théorie et des actes.
Il y a dans le libéralisme politique la recherche d’un horizon commun plus vaste qui fonde le vivre-ensemble mais qui ne nie pas non plus l’idée de communauté. La question c’est de savoir si cet horizon est un simple conglomérat ou addition des identités, ou plutôt la possibilité offerte a tous au travers, d’une assistance, les moyens et l’envie de « faire France ». Si la réponse est la seconde option, la politique des banlieues et encore plus, celle des cités à fortes concentrations de minorités est une aporie dans le système. On ne peut pas demander aux citoyens d’épouser l’idéal républicain et en même ne pas leur donner l’égalité des chances. La discrimination entretenue dès l’origine au cœur du système par des politiques qui militent pour un vivre-ensemble républicain ne peut qu’aboutir à une panne systémique et pire encore à de la frustration et à un potentiel de violence pouvant s’exprimer à tout instant. Le piège d’une référence identitaire se situant fondamentalement dans le seul fait du déterminisme biologique ou génétique est fréquent. C’est notre première norme de reconnaissance que de regarder les signes génétiques d’une personne pour l’identifier, déterminer son appartenance. Mais c’est une donnée anthropologique brute, réductrice de la personne qui ne correspond en rien à l’air du temps et l’esprit de nos cultures quelle qu’elle soit. Il faut arrêter de penser que c’est déjà une chance pour ses minorités présentes sur le sol français d’être là, pour la prétendue raison qu’ils échappent ainsi à des conditions de vie drastiques et miséreuses de leur terre d’origine. Et qu’ils devraient remercier le ciel de bénéficier de ces conditions de vie dont les Français de souche se passeraient bien eux-mêmes. C’est une lecture de l’histoire assez naïve, et la méconnaissance de la réalité selon laquelle la bonne santé de la France est le fruit d’un sacrifice forcé et rarement consenti de toute ses minorités envers qui les générations d’aujourd’hui et certains politiques ont peu d’égard.
Nous avons publier un dossier récemment intitulé Occident : Malaise dans la civilisation. Le compte à rebours a-t-il recommencé ?, dossier dans lequel nous tirons la conclusion selon laquelle l’économisme tuera l’Occident de l’intérieur. Le triste épisode des violences de minorité ethnique semble exemplifier cette lisibilité du processus historique de la vieille Europe. Le ministre de l’intérieur, lui, sans daigner donner un contenu au constat de la faillite du modèle d’intégration, avance en dernier lieu, la thèse de la manipulation des banlieusards par les réseaux intégristes. Au regard des événements, il est difficile d’infirmer ou de valider la possibilité d’une telle implication. Mais même si c’était le cas, il faut dire que la politique discriminatoire et banlieusarde de la droite y est pour quelque chose ; elle facilite par l’exclusion, la prédisposition des minorités à se constituer comme cible potentielle ouverte et sensible à la propagande. Le discours des activistes, du moins ceux qu’on à pu voir à la télé déplorait la discrimination dans l’accès au logement, au travail à l’éducation et le peu de considération dont ils étaient l’objet de la part du ministre Sarkozy. Les laissés pour compte eux-mêmes ne parlent pas de la question liée à l’assomption de la vie bonne mais du basculement de la civilisation, des ravages liés à l’économisme qui à fait tourner l’Occident dans une société de marché.
Après la seconde guerre mondiale, à l’heure de la reconstruction de l’Europe, l’Etat providence a été un parfait fédérateur, répondant aux besoins des citoyens ou les pourvoyant de l’assistance à leurs besoins. On parle avec nostalgie des « trente glorieuses » pour marquer cette belle époque d’avant la crise des années 1970 où la croissance économique a commencé à avoir du plomb dans l’aile. Les réponses à cette crise vers la fin de la décennie septante ont ramené au pouvoir le libéralisme économique avec ses deux grands avatars : en les personnes de Reagan au pays de l’Oncle Sam, et de Thatcher au Royaume Uni. Le paradigme du marché a fini par opérer une forme de sélection naturelle basée sur la recherche maximale de profit et de l’intérêt particulier. Auparavant les intérêts particuliers puisaient leur source de légitimité de leur subsomption dans l’intérêt général. Aujourd’hui par la logique du marché, les intérêts particuliers n’ont plus à répondre de cette globalité, l’Etat fédérateur est devenu l’arbitre du jeu macabre du marché libéral ; cette compétition où se dessine une désaffection pour le citoyen, pour l’humain. Dans cette nouvelle ère de l’histoire humaine est advenue une part humanité sans précédent qui laisse sur la touche tous ceux qui n’ont pas bénéficié des gènes d’Homo Economicus. C’est cette sélection naturelle qui guide les sociétés séculières dans leur fonctionnement, renvoyant à la périphérie des grandes villes, les moins aptes au libéralisme économique, les rebus du système. Pour parler de manière profane, il faut dire qu’un nouvel univers social est apparu où d’autres acteurs aujourd’hui très puissant pouvant peser sur les décisions dans la haute sphère étatique ont pris corps dépossédant l’Etat de sa capacité à régenter les relations entre acteurs au nom d’un intérêt supérieur. Certains analystes et sociologues érudits parlent même de l’intériorisation au niveau sociologique d’une logique du marché aux conséquences anthropologiques incalculables.
A quoi peut-on s’attendre dans un contexte où tous les acteurs sociaux sont indépendants les uns des autres, tous occupés à poursuivre le plus loin possible la maximisation de leurs intérêts personnels en l’absence de tout intérêt général supposé incarné par le vivre ensemble républicain ? A quoi sinon, la consécration publique de l’intérêt personnel, la légitimation d’un vouloir vivre authentique propre à chaque personne ayant droit d’expression dans la sphère publique. Il y a là le risque patent d’un reconditionnement des personnes au niveau sociologique ayant pour effet immédiat la crainte de la désagrégation de leur constitution intime telle que souhaitée par le vivre-ensemble républicain. C’est-à-dire l’acheminement vers une identité commune où la construction toujours renouvelée de la France, le lien patriotique et le sacrifice de soi-même devant les intérêts de la nation deviennent le nec plus ultra. Là normalement, les croyances ne se confondent pas avec l’identité quand bien même elles participent à la genèse. C’est dans cette défiguration du moi social républicain qu’il faut placer et les émeutes juvéniles des minorités dans l’Hexagone, et aussi la revendication tapageuse des contenus substantiels comme le voile dans la sphère publique. Au-delà de la violence exprimée, violence certes rédhibitoires par rapport aux sacro-saints idéaux républicains, se profile un cri d’angoisse, un ras-le-bol, un appel désespéré aux politiques de reconsidérer la valeur de la personne humaine quelle qu’elle soit et le citoyen dans ce monde en déclin où nous descendons sur une pente raide. Ce n’est pas non plus bien entendu un soutien non avoué à ceux qui ont saccagé des édifices publics et privés, et mis à feu les biens de milliers de personnes.
Ce n’est pas la première fois que l’Occident joue à ce jeu de travestissement, de récupération de l’idéal primal en objectif biaisé. L’Histoire elle-même est rentrée dans cette dialectique négative. En réalité, c’est avec le Christianisme que l’existence humaine devient historique. L’Histoire entendue comme idée d’une temporalité dont l’origine et la fin ont un sens et un but essentiel pour la gent humaine. Il y a un commencement qui est selon le point de vue que l’on adopte : soit, la création du monde, la chute de l’homme ou la venue du Christ, et une fin : la fin des temps où Dieu intervient dans l’histoire partageant le monde entre Enfer et Paradis. L’existence humaine dans le monde chrétien est donc normalement sotériologique, c’est-à-dire axée sur le salut de l’âme. D’une conception de l’histoire où l’objectif unique est le salut, l’Occident est passé à une conception de l’histoire comme progrès technologique ou les sciences et les techniques professent dans un élan matérialiste un naturalisme cru faisant peu cas de la morale. Aujourd’hui c’est l’idéal républicain qui se travesti en remplaçant le Telos du vivre ensemble et de l’intérêt général par la consécration de l’Homo œconomicus et du Darwinisme social. Absence de décroissance, chômage, précarité de l’emploi, délocalisation sauvage, bref, ces maux contemporains d’un Occident en débâcle fragilisent beaucoup plus les minorités dans une France qui opère par « Préférence Nationale » et par la sélection des plus aptes au marché. Il est normal que ce soit les minorités disqualifiés d’avance qui pâtissent le plus de ce système nihiliste.
Il faut considérer la fracture sociale comme à l’origine de cette désaffection pour l’humain au cœur d’une société de marché. L’idéal républicain français est d’une telle noblesse, seulement la dimension praxéologique est à l’opposé du discours idéologique. Et la fracture sociale ne se limite pas seulement au clivage banlieue/ mégapole. Il s’étend jusqu’au savant et au politique. Elle réduit le débat à des shows télévisés et alimente le populisme à la place des vrais débats sociopolitiques. Nous sommes en train de passer de la haute sphère de l’intelligibilité des débats à la médiocrité de la culture télévisuelle. La France est riche de têtes pensantes, de sociologues et de penseurs émérites qui assurent le relais entre les philosophes et hommes de sciences qui par leur activité spirituelle ont fait de l’Occident ce qu’il est. Ils semblent ne plus être écouté de nos jours. La république se meurt…
KORH pour Afrology.
1. Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie, Gallimard, 1998.
2. Régis Debray, Ce que nous voile le voile. La République et le sacré. Gallimard, 2004.