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Mémoire d’esclaves

Inscrite à l’agenda de l’UNESCO en 2004, la Journée Internationale du Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition (JISTNA) est célébrée le 23...

La banque de demain…

Afrology a lancé en 2020 un projet de création d’une banque d’épargne et d’investissement. La Banque de demain regroupe des africains de la diaspora répartis...

Illusions démocratiques en Afrique

Révolutions sans alternance

Mo Ibrahim a ouvert le 7 avril dernier l’édition 2017 de son Governance weeek-end. Il a résumé en une phrase les ambitions de sa fondation, reprenant ainsi une idée chère à Afrology: le combat pour une certaine mobilité politique. « Nous ne demandons pas grand-chose aux dirigeants africains. Tout ce que nous demandons… c’est l’alternance, le développement équitable focalisé sur la création de l’emploi, une éducation de qualité, la santé et bien sur le respect des droits de l’homme… C’est tout ce que nous demandons ».

Chômage galopant, éducation en panne, infrastructures de santé inexistantes, voilà quelques unes des caractéristiques des producteurs de « bananes politiques » du continent africain. Pas étonnant que les plus grosses bananes sont récoltées sur le continent noir. Le Togo, producteur de bananes « plantains » vient de lancer une campagne de « privatisation » de la santé publique (sic). Le constat d’échec étant posé, on ne trouve pas de solution pour soigner le mal. Au lieu de chercher à nous améliorer, nous rejetons l’eau du bain et le bébé pour adopter une structure fonctionnelle et normative codée dans un autre langage et adaptée à d’autres réalités. Qui dit qu’il n’y a pas alternance en Afrique? On accepte bien de confier la gestion publique à l’étranger…

Une éducation tronquée

Dans ces États défaillants, il existe une constante fondée sur le déni de soi, le rejet des ses propres valeurs, la honte de sa tradition. Nous définissons LA tradition comme une sorte de convention collective acceptée par la majorité des membres, un cadre de référence qui permet justement à un peuple de se définir ou de se distinguer d’un autre. L’absence de fierté, le manque de confiance ont fait de l’Afrique un colonisé-volontaire.

Si, pour Habermas, la société moderne se caractérise par une « colonisation du monde vécu » par les différents systèmes (savoirs systématisés), la société africaine pendant ce temps semble même hypothéquer ses propres systèmes. Nous parlons d’une double colonisation des « systèmes » et du « monde vécu » en Afrique.

L’éducation fonctionnelle devrait parfaitement s’adapter au milieu, favorisant l’intelligence concrète plutôt que des facultés d’abstraction pas toujours productives. L’instruction devrait conduire l’élève à réfléchir sur les problèmes concrets posés par sa vie, son environnement immédiat, et de prendre conscience de manière plus explicite des fondements même de la morale. Mais nos écoles sont françaises, jusque dans leurs programmes. Pendant que l’enseignement public fait grève, les écoles privées « françaises »du continent continuent de fonctionner et envoient certains privilégiés passer leur examen en Europe.

Un développement anarchique

Le député européen Louis Michel continue sa tournée des grands ducs (au propre comme au figuré) sur le continent africain pour défendre son nouveau contrat (les fameux APE) avec les plus naïfs. L’Afrique avance en rangs dispersés. Bien avant son système de santé, l’Afrique avait externalisé (sous-traité) son économie [CFA] et son développement [FMI-ONU-UE/ACP…]. Il n’y a pas de règles « africaines » en matière de commerce avec (ou entre) les pays africains. C’est l’art de l’improvisation, dans lequel les Libanais et les Chinois sont passés maîtres.

Les ambitions des dirigeants africains sont à très court terme; on peut donc se permettre d’hypothéquer le futur avec des dettes consacrées en partie au renflouement de comptes personnels offshore et pour le reste au financement d’infrastructures clinquantes sans vision coordonnée, ni aucune garantie de résistance ou de durabilité.

Dans ce contexte, on se demande comment Mo Ibrahim peut encore arriver à trouver des candidats à son prix pour « la bonne gouvernance » sur un continent où le politique est démissionnaire. Nous suggérons plutôt de recourir à des talents étrangers; Bolloré ou Louis Michel?

Conclusion

I have a dream… still.

Bruxelles, le 09 avril 2017
Gustav Ahadji