Depuis maintenant quelques années, l’Afrique connaît un réel boom entrepreneurial. La génération Y innove, surprend, exporte des idées et se démarque par son usage différent des nouvelles technologies. L’une des principales sources d’inspiration pour cette jeunesse: leur vie quotidienne. Chaque problème africain est une idée d’entreprise.
Imaginez que vous vivez loin de tout, dans le désert, dans des montagnes ou dans un village perdu quelque part entre Rabat et Ouarzazate. Vous avez besoin de médicaments pour vous soigner mais l’acheminement de ce traitement jusqu’à votre lieu de vie nécessite trois à quatre jours. Que feriez-vous? Attendre?
Imaginez à présent si vous pouviez commander ce médicament depuis l’écran de votre salon alimenté par l’énergie solaire, régler la facture depuis votre téléphone mobile et récupérer votre livraison déposée par un drone devant votre porte sous 48h… grâce aux nouvelles technologies, cela est maintenant possible. L’Afrique serait-elle donc en train de récupérer petit à petit son retard dans l’innovation high-tech? Certainement. Mais à sa manière. Et à son rythme.
L’Afrique se différencie des autres régions du monde par la façon dont elle s’accapare et exploite les nouvelles technologies. En effet, dans ce continent du Sud, la révolution numérique n’est pas tant caractérisée par la technologie sur laquelle elle s’appuie mais sur l’utilité des solutions dites high-techs qu’elle développe et met en avant sur la scène internationale. Ce point différenciatif a permis à l’Afrique de se positionner comme précurseur et non comme suiveur dans un secteur en perpétuelle évolution.
La technologie ouvre de nouveaux marchés, survole les frontières, crée de l’emploi, enrichit l’offre de choix, accélère les processus d’achat et de vente, casse les pricing policies que nous étions habitués à voir et raccourcit les délais d’attente. Sur la toile, la jeunesse africaine se fait une place parmi les plus grands. Mais il y a un hic. L’une des principales (énormes) failles de ce marché riche en potentiel dépasse la qualité de l’entrepreneurship local, c’est la connectivité.
La loi du net est on ne peut plus simple: pas de développement sans connectivité.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), durant les 15 dernières années, le taux de pénétration d’Internet à l’échelle mondiale a été pratiquement multiplié par sept. Il est ainsi passé de 6,5% à 43,4%. 3,2 milliards de personnes y ont désormais accès sur les 7,4 milliards d’habitants de la planète.
En Afrique, l’accessibilité au web prend plus de temps. De fait, c’est la région du monde la moins connectée, juste derrière l’Asie Pacifique et le Moyen-Orient. Moins de 30% des Africains ont accès au haut débit mobile (contre 43% en Asie Pacifique, avant dernier du classement, et 79% en Amérique, en tête de liste) et seulement 15% bénéficient d’un accès à Internet à domicile (contre 46% en Asie Pacifique et 84% en Europe).
Au-delà du problème de connectivité, les coûts élevés constituent aussi un énorme frein. Si les hot spots mobiles sont très souvent géographiquement limités aux zones urbaines, ils sont financièrement inaccessibles à une grande partie de la population. Autre obstacle de taille: la plupart des dispositifs utilisés reposent sur une technologie dépassée et non-adaptée à une utilisation dite intelligente. Enfin, la presque totalité des contenus disponibles sur la toile sont orientés vers le monde occidental et n’incitent donc pas les Africains à chercher à se connecter.
Pour se connecter, des millions d’Africains se tournent vers les réseaux mobiles qui tendent à offrir une meilleure couverture, plus répandue et à un coût raisonnable. Toujours selon le récent sondage publié par l’UIT, l’Afrique aurait le taux de croissance du nombre d’utilisateurs de téléphones portables le plus élevé au monde. Ce dernier a explosé durant les 15 dernières années en passant de 174 millions à 772 millions d’utilisateurs, soit une augmentation de 334% (contre une hausse de 3 192 millions à 6 605 millions, +107%, dans le reste du monde).
Autre projection positive: le cabinet International Data Corporation (IDC) estime que dans les cinq prochaines années, les ventes de smartphones en Afrique connaîtront une progression encore plus forte, notamment grâce à la diversification des offres et aux investissements massifs des grands opérateurs implantés sur le continent (Orange, MTN, Etisalat, etc.).
Cette dynamique boostera le taux de connectivité local et c’est toute la toile qui entrera alors dans une nouvelle ère.
Ayant compris l’intérêt qu’ils pouvaient en tirer à moyen-long terme, les mastodontes du web made in USA, Google et Facebook notamment, ont déclaré qu’ils pensaient investir plus en Afrique, le marché des télécommunications le plus dynamique au monde qui devrait vite devenir l’un des plus lucratifs de la planète à en croire les experts.
Martin Lozniewski
Source: http://www.huffpostmaghreb.com/
Note d’Afrology: Fidèle à ses habitudes, l’Afrique attend de l’Occident les financements et la mise en place de la machine à piller. Les Etats dits indépendants ne comprennent pas encore l’urgence d’une urbanisation digitale pour la maîtrise de ses données numériques. La dépendance a déjà commencé, avec la mise en place de câbles sous-marins rétro-financés par le continent noir. Les données numériques de plusieurs institutions bancaires en Afrique sont déjà gérées en Europe (principalement en France), sous le regard complice des banques centrales du continent noir. Nous y reviendrons…