Introduction
Avant de développer ce thème qui est d’une haute portée pour le devenir du peuple noir, parce que le monde se fait sans nous, et contre nous, y compris notre propre destin., j’aimerais rendre hommage à un homme qui tout au long de sa vie à essayer de poindre la lumière de la vérité sur ce sujet malgré tout l’arsenal des forces négatives mis en branle contre lui. Cet homme est le Professeur Cheikh Anta Diop, qui disait : « Autant un occidental aujourd’hui encore en lisant un texte de Caton ressent l’écho de l’âme de ses ancêtres, autant la psychologie et la culture révélées par les textes égyptiens s’identifient à la personnalité nègre ».
Depuis que l’homme sait réfléchir et penser, c’est à dire l’homo sapiens sapiens, il a toujours été hanté par une question fondamentale : Qu’y a-t-il après la mort ? Les pharaons ont trouvé la réponse : l’homme dans son intégralité se compose de l’enveloppe charnelle et de l’âme. L’âme est immortelle. Mais la découverte la plus intéressante des pharaons est de faire une distinction entre l’immortalité de l’âme qui par définition est accessible à tout être, et rentrer dans l’éternité qui demande une conformité complète aux prescriptions des lois de Dieu. Ce que les anciens égyptiens appellent le Maât (1)(la vérité-justice, l’harmonie, l’équilibre).
Il ne m’est pas permis d’affirmer que les Pharaons sont assis à la droite de Dieu, mais je peux certifier qu’ils sont rentrés dans l’éternité ici bas. Car il n’y a pas un seul jour que Dieu ait fait sans qu’on ne parle des anciens égyptiens. Il suffit de voir les foules défiler tout le long de l’année le long du Nil en Égypte malgré le risque d’attentats. Il en est de même dans les musées d’exposition sur l’Égypte pharaonique.
En réalité l’Égypte antique fascine et passionne.
Ce phénomène peut s’expliquer par : l’antiquité, la longévité, la munificence et l’influence de cette civilisation. Les réminiscences bibliques, à travers le geste de Moïse, qu’évoque le pays de Ramsès ajoutent également à son attrait. Cette dimension religieuse et mystique fait que l’Égypte est aussi perçue comme la terre des mystères et des sortilèges. Nombre de mouvements ésotériques, y situent la source de leur inspiration et de leur doctrine y compris la Franc-maçonnerie.
Mais pour bon nombre de personnes, reliée l’Égypte pharaonique à l’Afrique relève d’une incongruité notoire. L’africanité de l’Egypte, au double sens anthropologique et culturel, s’en trouve ainsi minorée sinon implicitement déniée. Tel est l’effet pervers de la mythification qui entretient un flou artistique autour de l’identité de l’Égypte des pharaons.
Car, dans l’inconscient collectif voire pour l’opinion commune et même la gente savante, y compris la fraction la plus indulgente et la moins sujette aux idées préconçues, il est proprement inconcevable sinon complètement absurde que l’Afrique et surtout les Africains, tels qu’ils se donnent à voir aujourd’hui et, suivant une opinion répandue, au regard de la médiocrité apparente de leurs « apports » à la culture universelle, aient été capables de produire, par eux-mêmes, sans concours extérieur, donc européen, une civilisation aussi remarquable et aussi durable. L’hypothèse est même d’autant plus irrecevable que l’Occident moderne place l’expérience historique égyptienne dans la généalogie de sa propre civilisation, ne serait-ce qu’à travers l’hellénisme et le judéo-christianisme, qui doivent effectivement beaucoup à l’Egypte. Pour autant, pour avérée que soit cette filiation, elle ne fait pas de l’Égypte une civilisation occidentale ni encore moins des Egyptiens un peuple leucoderme. Ce serait une annexion illégitime et une identification forcée et fallacieuse.
Jean Vercoutter(2), l’un de ceux qui soutiennent toute honte bue, que les Egyptiens étaient des Blancs, tandis que le préfacier de l’ensemble de l’édition reconnaissant lui-même l’incongruité de cet arrimage de l’Egypte antique à l’Occident. C’est par un phénomène de bifurcation et par les contingences de l’histoire universelle que les legs de l’Egypte ont échu à la Grèce, qui a su, heureusement, le faire fructifier. Aussi, reconnaître quelque dette à l’égard du Noir, fantasme répulsif, figure de l’altérité radicale dans toute son inquiétante étrangeté, pour des peuples qui se croient et se définissent comme « la fraction intelligente de l’espèce » ou « la race supérieure ou plus exactement arienne», selon Gobineau, le grand prêtre du racisme, serait psychologiquement douloureux. Volney comme Champollion, chacun à son époque, n’ont pas manqué de souligner avec beaucoup de lucidité et de franchise ce dilemme. Frobenius(3), célèbre ethnologue allemand, l’un de ceux qui ont à faire connaître et reconnaître les arts et les cultures de l’Afrique, mais néanmoins membre du parti nazi, affirmait que l’Européen avait peine à se représenter l’Égypte comme située en Afrique. Ce serait donc un accident de l’Histoire et un caprice de la Géographie que cette localisation soit en Afrique.
Aussi, d’autres s’acharneront à l’en détacher et à l’en faire sortir de manière fantasmatique. Car, dans l’échelle des valeurs symboliques, l’Afrique dévalorise et l’Orient ennoblit. Bel exemple de schizophrénie raisonnante, qui conduira de nombreux auteurs à inventer la catégorie anthropologique abracadantesque, désignée d’un oxymoron, de « Blanc à peau noire », pour qualifier Egyptiens, Nubiens, Abyssins et même les Tutsis du Burundi et du Rwanda jusqu’aux Massaïs du Kenya. Ces blancs à peau noire sont subsumés sous le concept générique de « Chamite » ou « Kamite » ou encore « Hamite », affecté d’un coefficient mélioratif. De telles affirmations dans leur aberration notent, l’aporie d’une épistémologie pervertie par l’idéologie.
La réalité contemporaine de l’Afrique et l’imagerie qu’elle charrie, la surenchère sinistrosoïdale des médias sur le thème de l’afropessimisme, hypothèquent lourdement l’hypothèse d’une Egypte noire. A voir l’état pitoyable et l’image désastreuse de l’Ethiopie actuelle, l’ancienne Abyssinie ou Axoum, le royaume de la Reine de Saba des chroniques judaïques et chrétiennes, qui pourrait se douter qu’elle fut du 4e au 7e siècle l’une des quatre grandes puissances au monde, du monde connu tout au moins, en compagnie de l’Empire romain, l’Empire byzantin et l’Empire perse sassanide ? Tel est le destin des peuples que celui de la fatalité de la décadence.
Ce sont donc toutes les falsifications de l’histoire qui tissent la trame du mythe égyptologique classique, et qu’il faudrait s’appliquer à déconstruire.
La négritude des Egyptiens était pour les Anciens une donnée immédiate de la perception et un savoir partagé. Les Grecs reconnaissaient tout unanimement leur dette culturelle et morale à l’égard de l’Egypte, à qui ils sont redevables de l’essentiel de leur savoir et de leurs croyances. A ce sujet, Hérodote invoque des arguments d’ordre anthropologique et d’ordre culturel. Ces deux points serviront d’articulation à notre exposé.
Iere partie : Parenté anthropologique des Africains et des Egyptiens
Les textes canoniques des tombeaux des pharaons et les témoignages unanimes des auteurs grecs soulignent avec force l’appartenance des égyptiens anciens et des Nubio-soudanais à la même race : celle des nègres.
Tous les témoins oculaires affirment que les anciens égyptiens étaient des nègres. Hérodote témoignent qu’ils sont noirs et qu’ils ont les cheveux crépus. Puis faisant preuve de courage et d’honnêteté Hérodote fait un rapport sur ce qu’il a vu en Egypte pharaonique, et de conclure : « la Grèce a pris à l’Égypte tous les éléments de sa civilisation, jusqu’au culte des Dieux, et c’est bien l’Égypte qui est le berceau de la civilisation occidentale ».
Les recherches archéologiques
Les résultats des fouilles ont levé le voile sur l’une des pages les plus importantes de l’histoire de l’humanité : l’épopée du peuple ANOU.
Ainsi, à l’issus de travaux, Amélineau déclara :
« Des diverses légendes égyptiennes, j’ai pu conclure que les populations établies dans la vallées du Nil, étaient de race nègre, puisque la déesse Isis est dite être née sous la forme d’une femme rouge noire, c’est à dire ainsi que je l’ai expliqué, avec la couleur café au lait que présentent certains individus de race nègre dont la peau semble avoir des reflets métalliques de cuivre »(4).
Amélineau démontre ainsi que la population africaine qui a colonisé la vallée du nil s’appelle ANOU. Elle a descendu graduellement le Nil et a fondé entre autre les villes d’Esneh, d’Erment, de Qouch et surtout d’Héliopolis.
Il est aisé d’admettre que l’occident par l’intermédiaire de la Grèce antique est tributaire de l’Égypte ancienne.
b) L’éclairage des récentes découvertes scientifiques
Jusqu’alors nous n’avons allégué, en faveur de la négritude des pharaons et de leurs peuples, que des arguments de texte, tirés principalement d’observations d’auteurs de l’Antiquité. Mais les sciences modernes ont largement contribué à reconsidérer les fondements épistémologiques de cette question cardinale et à réorienter les perspectives.
La mesure du taux de mélanine sous l’épiderme est assurément le test le plus probant pour la détermination du type anthropologique ou racial d’un individu. L’expérience est élémentaire et facile à réaliser, quasiment infaillible et donc incontestable. La mélanine n’étant guère biodégradable, se conserve longtemps, y compris sur les momies les plus anciennes. On l’a proposé, Cheikh Anta Diop notamment, lors du fameux colloque du Caire de 1974 pour la momie de Ramsès II, à partir d’un millimètre de peau, mais les responsables du musée égyptien s’y sont énergiquement refusé. Comme ils ont poliment décliné l’offre présenté par des scientifiques japonais d’analyser l’ADN du célèbre pharaon à l’aide d’un nouveau type d’appareil super-performant, qu’ils étaient prêts à céder par la suite au musée. Nombre de scientifiques et les musées, on s’en doute et on le sait, celui de Londres notamment, ont naturellement procédé à l’expérience, sans prendre la peine, curieusement, d’en publier les résultats. Complot du silence ? La question reste posée.
Mais certains, heureusement, ne s’en sont pas privé, sans que cela n’attire la curiosité générale. Eric Crubézy, professeur d’anthropologie à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, signale, dans un article intitulé les résultats de l’analyse de l’ADN de deux corps inhumés dans la nécropole d’Aïdama, dans le sud égyptien, 3700 avant J.-C. : « Celui-ci [l’ADN] les apparente aussi à des populations d’origine subsaharienne, ce que confortent les éléments morphologiques et épidémiologiques concernant l’ensemble de la population » (Fin de citation) (Cf. « Les surprises de l’ADN ancien – Une technique miracle à manier avec précaution »La Recherche, n°353, mai 2002, pp. 44-47).(5) Gilbert Charles de l’Hebdomadaire français L’Express, rendant compte d’une analyse génétique de fossiles égyptiens, écrit : « D’autres recherches sont en cours, qui pourraient notamment confirmer l’hypothèse lancée il y a quelques mois par des biologistes américains : la civilisation des pharaons aurait été bâtie par des descendants de populations venues d’Afrique noire… » (Fin de citation) (Cf. « Les gènes fossiles du Dr Pääbo », L’Express, 5 décembre 1991, pp. 104-106.(6)
L’évolution des découvertes scientifiques a apporté la confirmation de l’Égypte des pharaons comme peuples nègre.
Ainsi une gigantesque étude menée en 2000 par le département d’immunologie et de biologie moléculaire de Madride en Espagne et le laboratoire de dépistage de groupe humain et de transfusion sanguine de Skopje en Macédonie avait pour but de déterminer avec précision, l’origine des premiers habitants de la Grèce antique. Cette étude a donc réunit une large palette de scientifiques.
Pour la mener à bien, de nombreux prélèvements sanguins ont été réalisés sur trois zones géographiques :
- Le monde européen (français, italiens, espagnols, portugais, grecs macédoniens, crétois, etc…).
- Le monde sémitique (Maroc, Algérie, Turquie, Iran, Arménie, Egypte actuel, Israël, Liban etc…..).
- Le monde africain (Sénégalais, Mossi, Rimaibe, Fulanie, Oromo, Ahmora, Bushmen, Afrique du sud).
Toutes les séquences ADN des peuples ont été examinées, analysées et classées, afin de dégager les séquences communes aux traces d’ADN relevés sur les habitants actuels de la Grèce.
Et bien vous ne devinerez jamais les premiers habitants de la Grèce antique possédaient une origine ethnique sub-saharienne(Ethiopienne), qui les sépare nettement des autres groupes d’ADN du type méditerranéen.
Seuls les Grecs anciens et les Africains partagent une séquence commune d’ADN. Les distances génétiques sont donc plus proches entres grecs anciens et les Africains que tous les autres groupes humains.
c) Que disent les égyptologues à propos de la négrité de l’Égypte pharaonique
La théorie de Cham tirée de la Genèse
Mais en règle générale, c’est l’hypothèse chamitique que l’on invoque, et qui, en dépit de son caractère notoirement aberrant, s’avère décidément bien pratique pour les falsificateurs de l’histoire
Par hypothèse ou théorie ou encore mythe chamitique, on entend la conception qui vise à diviser les Noirs en deux catégories : d’une part, les Noirs supérieurs, délavés, aux traits dits fins et à l’intelligence supérieure, peut-être issus d’un métissage avec des peuples blancs, appelés éthiopiens ou « chamites », « kamites » ou encore « hamites », de Cham, fils de Noé, ce sont des « blancs à peau noire » ; d’autre part, les « Noirs proprement dits », telle est l’expression employée à leur sujet, ou les Nègres, aux traits censément grossiers, prognathes et brachycéphales, « négroïdes », arriérés et stupides, dénués d’intelligence et de culture. Il est posé comme postulat que toutes les réalisations culturelles de valeur en Afrique ne peut qu’être le fait de Chamites, sinon de Blancs. Moyennant quoi, les ruines du Zimbabwe en Afrique australe par exemple, serait l’œuvre de Syriens ou de Phéniciens ou des Hébreux, envoyés par le roi Salomon. Quiconque se hasardait à défendre une thèse contraire, celle d’une paternité endogène, sous le régime ségrégationniste et fascisant de Ian Smith à l’époque de la Rhodésie de l’apartheid, était passible de prison ou d’expulsion, s’il était étranger. Aujourd’hui, concernant l’Egypte, le mythe chamitique est en perte de vitesse, même s’il est toujours sournoisement à l’œuvre et se dissimule sous la thèse du métissage, demi-mesure équivoque consolante.
La distinction Chamite/Nègre n’est qu’un avatar du mythe aryen, la transposition dans le contexte noir et africain du couple notionnel mortifère Aryen/Sémite. L’acclimatation a été à ce point réussie, le schème a été à ce point approprié par les Africains eux-mêmes, que le cocktail a produit les mêmes résultats funestes qu’en Europe : le génocide Rwandais. Hutus et Tutsis, s’étant emparé, par calculs politiques, des théories fumeuses enseignées par les colonisateurs européens, se conçoivent en effet comme deux races distinctes. Bel exemple de fantasme auto-réalisateur et auto-destructeur.
Pour les tenants de la théorie chamitique, y compris Gobineau, la bible aurait complètement ignoré les « Noirs proprement dits », et n’aurait parlé que de Blancs, notamment dans leurs variantes chamitiques. Mais les inférences aventurées tirées des textes saints sur Cham et sa descendance, sont en contradiction avec les données bibliques elles-mêmes, ou du moins avec les traditions juives, chrétiennes et musulmanes, qui font de Cham l’ancêtre généalogique des peuples Noirs, au nombre desquels on compte les Egyptiens. D’après le Livre de la Genèse, les enfants de Cham sont : Canaan (Palestine), Koush (Ethiopie), Mitsraïm (Egypte), Saba (Yémen Arabie du Sud), etc. L’interprétation exégète de la bible, qui a permis l’essor de la linguistique moderne, en raison de l’exactitude de la géographie humaine du récit sacré, a également servi à l’oppression des Noirs, par l’Europe chrétienne, ainsi qu’on l’a vu (Genèse, 9 : 20-23). La tradition judaïque et les textes talmudiques brodent à satiété sur la faute et la punition de Cham, dont la charge pèse sur sa descendance :
D’autres disent que Cham émascula lui-même Noé, lequel se réveillant de son sommeil d’homme ivre et réalisant ce qu’on lui avait fait s’écria : « Désormais je ne peux plus engendrer les quatre fils dont j’aurais donné l’ordre que les enfants te servent toi et tes frères ! Il faut donc que ce soit Canaan, ton premier, qu’ils prennent pour esclave. Et comme tu m’as rendu incapable de faire de vilaines choses au plus noir de la nuit, les enfants de Canaan naîtront vilains et noirs ! De plus, puisque tu t’es contorsionné pour voir ma nudité, les cheveux de tes petits enfants s’entortilleront jusqu’à devenir crépus, et ils auront les yeux rouges ; en outre, puisque tes lèvres ont plaisanté sur mon infortune, les tiennent vont enfler ; et puisque tu as manqué d’égards pour ma nudité, ils iront tous nus et leur membre viril s’allongera ignominieusement ». Les hommes de cette race sont appelés nègres ; leur ancêtre Canaan leur commande d’aimer la fornication, de se liguer en haine de leurs maîtres et de ne jamais dire la vérité » (Fin de citation) (Cf. Robert Graves et Raphaël Pataï, Les mythes hébreux, Fayard, 1987, pp.131-132).(7)
Dans la version proposée par Louis Guinzberg (Les légendes juives, T.1, Editions du Cerf/Institut Alain De Rothschild, 1997, p. 124.), les propos sont quelque peu édulcorés, et, par exemple, l’allusion à la noirceur de la peau a disparu, et l’on ne parle que de cheveux bouclés au lieu de crépus. Les chrétientés européennes ont généralement suivi cette lecture dénigrante, au sens propre du mot, rendre noir. Dans l’exégèse islamique, comme celle de Tabari, Cham, blanc à l’origine, est devenu noir, du fait de la malédiction. En dépit des incohérences et des contradictions des différentes interprétations, y compris modernes, la négritude de Cham demeure un invariant, une constante de l’exégèse. Et même si l’Egypte ancienne répond difficilement à ce portrait peu flatteur, au physique comme au moral, sa négrité n’en est en rien affectée. L’une des conséquences de ce fait est de mettre en débat l’identité ethnique de Moïse. Mais cela nous conduirait trop loin, et ce n’est pas l’objet de la rencontre d’aujourd’hui.
Mais on ne peut se satisfaire d’une aussi grotesque imposture et d’un mensonge sur les paroles du Dieu vivant. Car Dieu qui a créé ses enfants à son image et a prêché l’amour en envoyant son fils se sacrifier pour nous sauver du péché, ne peut jeter une malédiction sur sa propre création.
L’homme dans sa recherche coûte que coûte du pouvoir a travesti la vérité pour séparer les enfants de Dieu afin d’instaurer la division par la falsification afin de mieux régner. Alors j’ai cherché la vérité.
J’ai consulté les manuscrits de la mer morte qui passent pour être en quelque sorte, l’original de la Bible, et que dit le passage en question tiré des textes de Qumran traduits et annotés, édition Letouzey et Ané page 226. Je cite : L’épisode de la vigne et l’ivresse de Noé :… « et je commençai moi et tous mes fils à cultiver la terre et je plantai une vigne sur le mont Lubar et en la quatrième année, elle me fit du vin…
Et je commençai à boire le premier jour de la cinquième année.. j’appelai mes fils et toutes nos femmes et leurs filles et nous fîmes une réunion de fête….
Nous avons béni le Seigneur du ciel, le Dieu Très Haut et le Grand Saint, parce que nous avions échappé à la destruction (le déluge).
Je pose la question où est passé le passage de la malédiction de Cham ?
Aucune trace, envolé volatilisé. Comme le disait un homme politique français PSCHIITT ! ! ! !
Que dit la science ?
La Bible affirme que Sem serait le premier fils, Japhet le second et Cham le dernier fils de Noé (ou le second selon les cas).
La science en révélant que l’homme est né en Afrique, fait de Cham le premier fils de façon indiscutable. Qui a raison ? Dieu qui a créé son premier fils en Afrique ou le passage cité en référence ?
Par ailleurs Canaan ne se trouve pas en Afrique mais il s’agit de l’actuel Israël.
Où est la vérité ?
La première monture du texte dit que Noé a voulu faire un rituel religieux avec le vin, sous la tente, pour invoquer Dieu. Cham, intrigué a pénétré sous la tente en plein rituel et a vu Dieu parlé à Noé. La -dessus, son père lui a dit : « Mon fils tu as vu la vérité dans sa nudité. Te voilà chargé de la mission de guider tes frères vers cette vérité » (8)
d) des idées reçues et leur vulgarisation pour une hiérarchisation des races
Il faut revenir à la formation des idées reçues, et des à priori, qui collent à la peau de manière injuste et injustifiée.
Lorsque vous prenez n’importe quel dictionnaire le mot noir signifie : funeste, symbole de mélancolie de pessimisme et de désespoir etc…..
Dans le même dictionnaire vous prenez le mot blanc, et vous avez pure couleur, immaculé, innocent. Blanchir : rendre propre, être innocenté etc…
Venons en dans les inscriptions hiéroglyphiques des pharaons, le verbe desher en égyptien signifie être rouge, devenir rouge , mais aussi terrifier.
Le verbe Kem en égyptien signifie noir être noir et veut dire aussi mener à bien, s’élever à, accomplir, payer, compter, servir à, complet, parfait, obligation, devoir, est donc tout ce qui va dans le sens de la vérité-justice, l’équilibre cosmique c’est-à-dire la Maât dans la langue égyptienne.
Par contre le verbe hédji en égyptien tiré du mot hedj (blanc) veut dire être blanc, mais aussi détruire, être un peu simplet, anéantir, tuer, abattre, périr, renverser, désobéir , annuler, endommager. Bref d’après les textes égyptiens hédji va dans le sens du désordre c’est-à-dire Iséfèt en Egypte et de Seth, le Dieu roux à peau claire, assassin d’Osiris dans la ville de Nédit.
Dans les documents cités par Fontanes dans Arya il est dit ceci : « Les pharaons nègres utilisaient ces tribus à la peau blanche dites (libyennes) comme des mercenaires. Ces blancs, blonds aux yeux bleus, et tatoués sur tout leur corps, formaient des hordes sauvages dans la région occidentale du Delta où leur présence n’est reconnue historiquement qu’à la 18è dynastie. Les Egyptiens ont toujours considéré les Libyens comme de véritables sauvages, rebelles à la civilisation, et avec eux ils n’avaient garde de se confondre. Ils daignaient tout au plus en faire des mercenaires ».
Par ailleurs la description que Hérodote nous donne montre que, jusqu’à la fin de l’histoire égyptienne, les Libyens c’est à dire les leucodermes, sont restés au dernier degré de la civilisation et que le terme civilisé quel que soit le sens qu’on pourrait lui appliquer ne saurait leur être appliqué.
On peut donc rester perplexe devant les tentatives qui sont faites pour imputer aux libyens la civilisation égyptienne.
Encore à propos des libyens (blancs), Cheikh Anta Diop dit : « les données archéologiques ne permettent pas de retenir l’hypothèse d’une race blanche originaire au cœur de l’Afrique, car l’histoire nous apprend qu’ils étaient des barbares vivant à la périphérie de l’Égypte, dans la région occidentale du delta, qu’ils ont servi de mercenaires, et réfractaires à la civilisation au moment où le monde nègre étaient déjà civilisé » nations nègres et culture page 155.(9)
Dans les affirmations des égyptologues, il faut noter les déclarations pertinentes de Champollion lors de la découverte des tombeaux des Pharaons dans la vallée des rois il disait ceci : « véritables sauvages tatoués sur diverses parties du corps…, (enfin et j’ai honte de le dire, puisque notre race est la dernière et la plus sauvage de la série), les européens qui, ces époques reculées, il faut être juste, ne faisaient pas une trop belle figure dans ce monde. Il faut entendre ici tous les peuples de race blonde à peau blanche, habitant non seulement l’Europe, mais encore l’Asie, leur point de départ.
Je ne m’attendais certainement pas, en arrivant à Bilan-el-Molouk, à y trouver des sculptures qui pourront servir de vignette à l’histoire des habitants primitifs de l’Europe, si on a jamais le courage de l’entreprendre.
Leur vue a toutefois quelque chose de flatteur et de consolant, puisqu’elle nous fait bien apprécier le chemin que nous avons parcouru » (p.276-278). (Fin de citation) (10)
C’est en Nubie berceau de la civilisation et de la religion que la culture fit l’unicité matricielle entre l’Afrique et l’Égypte
IIe partie : Unicité de matrice culturelle cultuelle entre Afrique et Egypte
Il reste maintenant à passer dans cette partie constructive, en apportant les différents faits culturels et cultuels prouvant l’origine nègre de la race égyptienne.
a) Les liens cultuels entre l’Égypte des pharaons et l’Afrique noire
Il est apparut aujourd’hui avec les différentes découvertes dans les fouilles archéologiques et des textes sacrés égyptiens, que l’eucharistie chrétienne est d’origine africaine. Il existe bon nombre de « mystères » dans la religion chrétienne que nous dévoilent les pratiques religieuses Osiriennes des égyptiens anciens. L’eucharistie est l’un d’eux. Pour ceux qui sont chrétiens comme moi, savent que l’eucharistie est le moment fort de la messe. C’est le moment où par l’intermédiaire du prêtre, Jésus est sensé s’incarner dans le pain et dans le vin, qui vont respectivement correspondre à son corps et à son sang. Pourquoi et Comment ? c’est un mystère divin nous disent les prêtres. Par la suite, les fidèles vont recevoir le corps du Christ.
Pour beaucoup, c’est le mystère central de la religion chrétienne qui marque son originalité par rapport à toutes les autres religions. Ce moment spécial a été pour certain, révélé par Dieu lui-même à Jésus qui à son tour l’a révélé aux juifs. Du moins c’est ce que nous croyons.
Cependant voilà toute une autre lecture que nous apprend les nouvelles découvertes archéologiques. Quelle est l’origine de ce mystère ? Si nous admettons le fait que Moïse fut un guide spirituel du peuple hébreu, et qu’il a reçu son enseignement religieux dans le temple égyptien d’Héliopolis nous avons déjà fait un pas. Si nous admettons que les Grecs ont attesté que les Ethiopiens, ancêtres des égyptiens anciens, ont les premiers rendus dans l’antiquité un culte à Dieu, nous avons déjà fait ensemble un deuxième pas.
Entrons maintenant dans le mystère.
A l’origine, les hommes considéraient que Dieu qu’ils appelaient (Neter) et les siens appelés (Néterou) prenaient un repas rituel qui se différenciait des offrandes que leurs déposaient régulièrement les fidèles dans les temples par dévotion. Pharaon qui était censé être le « SA RA », c’est à dire le fils de Dieu sur terre, devait, après tout un rituel de purification, prendre part à ce repas spécial avec le divin, à travers une cérémonie religieuse.
Le repas de nature varié(fruits, viandes, boisons) était d’abord purifié avec de l’eau et de l’encens par les prêtres initiés. Par la suite, le roi prenait par au festin dans un lieu sacré du temple, et se laissait pénétrer par l’essence divine de Dieu et de ses Neterou et devenait à son tour un immortel, c’est à dire un Osiris.
Par la suite vers le moyen empire, ce repas initiateur fut remplacé par un simple pain ou gâteau, nommé « tehnem » et à certain niveau d’initiation « Mesi » pour les fidèles. Celui-ci représentait symboliquement le corps d’Osiris. Rompre le pain ou le gâteau correspondait au fait de libérer la puissance d’Osiris, qui permettait à l’initié d’effectuer le passage de la vie terrestre, vers la vie éternelle. D’où le fait que ce rituel était particulièrement accompli pour les défunts et les futurs défunts.
Alors qui est Osiris ?
De son vrai nom « wosiré » qui signifie celui qui veille sur le trône divin, Osiris était pour les Africains anciens, un envoyé de Dieu dont la mission fut de révéler aux hommes les us et coutumes de la vie sédentaire (agriculture) et l’existence du divin.
Dans les textes sacrés des pyramides, il est rappelé à juste titre à propos d’Osiris ceci : « L’être divin perpétuellement bon ». Il est celui qui détient les secrets de la germination éternelle du corps de Geb (Geb c’est la terre nourricière). C’est Osiris qui a introduit les lois divines de Râ (Dieu), et régit l’univers entier : le Maât (la vérité -justice).
Osiris symbolise donc la justice et l’amour du divin. Répondant à l’appelle divin de parcourir la terre habitée avec divers spécialistes (agriculteurs, architectes, musiciens, prêtres, etc…), pour enseigner à l’humanité les us et attitudes humaines ainsi que les rituels religieux, il eut une renommée internationale selon les dires même des Grecs anciens (ex. Diodore de Sicile).
Dans les textes sacrets de Kemet il est appelé Kem Wour ce qui signifie le « Grand Nègre ». Le professeur Assiouty dans son livre intitulé : les origines égyptiennes du Christianisme et de l’Islam, édition Letouzet et Anet 1989 dit ceci : « Le teint des hommes, en haute Egypte, brûlé par le soleil, varie du brun jusqu’au noirâtre, au fur et à mesure que l’on s’enfonce de plus en plus dans le sud. C’est ce teint noirâtre qui distingue Osiris dans les textes des Pyramides et dans les anciens monuments et papyrus d’Égypte et qui restera sa couleur jusqu’aux premiers siècles chrétiens »
Par essence, le corps d’Osiris était associé à ce gâteau ou pain pour les raisons suivantes. Tué par la mal (Seth), il ressuscita d’entre les morts grâce à l’action de Dieu invoqué pieusement par sa femme Isis. Il descendit par la suite dans la « Douat » c’est à dire le monde souterrain pour y juger les âmes des défunts désireux de rejoindre Dieu dans son paradis divin appelé le Sekhet Arou. Cela ne vous rappelle rien ? «…..Il est mort, il ressuscita le troisième jour, il est assis à la droite du père, d’où il reviendra pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin…..».
Et bien cette expérience divine, Osiris l’avait déjà vécu 3000 ans avant Jésus (11). Mais l’image d’Osiris restera fortement associée aux fruits de la terre notamment blé, céréales, orges, et leur transformation en nourriture pain ou gâteau. L’esprit d’Osiris résidait ainsi pour les Egyptiens dans le blé.
Le pain ou gâteau appelé « Mesi » symbolise donc Osiris et le rompre en plusieurs morceaux représente symboliquement sa passion, son dépècement par Seth. On libère ainsi l’esprit d’Osiris qui par cet acte qui devient une lumière céleste, solaire, spirituelle et divine. Vous l’avez compris, les morceaux sont donc donnés aux fidèles. Cette action est un symbole fort pour le Pharaon, car en mangeant la divinité il se fortifie et s’assure la vie éternelle tout comme Osiris. Ainsi dans un hymne des textes sacrés des Pyramides (formule 273-27 n°397), il est dit à propos d’Osiris :
« Tu es le père et la mère des hommes,
ils vivent en ton souffle,
ils mangent la chaire de ton corps »
Par ailleurs Isis sœur et épouse d’Osiris est l’archétype de la figure de la vierge et l’enfant, comme l’atteste le culte si répandu des vierges noires en Europe continentale et méditerranéenne.
Pourquoi l’Europe a évangélisé l’Afrique ?
Il est communément admis par tout le monde y compris en Afrique que l’Europe a évangélisé les nègres d’Afrique. Je vous livre en intégralité le discours de bienvenu prononcé par Monsieur Jules RENQUIN, Ministre des colonies de Belgique au Congo Belge en 1920 aux missionnaires arrivés en Afrique :
Révérends pères et chers compatriotes, soyez les bienvenus dans notre seconde patrie, le Congo – Belge. La tâche que vous êtes conviés à y prendre part est très délicate et demande beaucoup de tact. Prêtres, vous venez certes pour évangéliser. Mais cette évangélisation doit s’inspirer de notre grand principe : Tout avant tout pour les intérêts de la Métropole la Belgique.
Le but essentiel de votre mission n’est donc point d’apprendre aux noirs à connaître Dieu. Ils le connaissent déjà. Ils parlent et se soumettent à un Nzambé ou un Nvindi-Mukulu, et que sais-je encore. Ils se savent que tuer, voler, calomnier, injurier est mauvais.
Ayez le courage de le reconnaître, vous ne venez donc pas leur apprendre ce qu’ils savent déjà. Votre rôle consiste, essentiellement, à faciliter la tâche aux administratifs et aux industriels. C’est donc dire que vous interpréterez l’évangile de la façon qui sert le mieux nos intérêts dans cette partie du monde.
Pour ce faire, vous veillerez entre autres à :
Désintéresser nos sauvages des richesses matérielles dont leur sol et sous-sol regorgent, pour éviter que s’intéressant, ils ne nous fassent une concurrence meurtrière et rêvent un jour de nous y déloger. Servez-vous de l’évangile comme « Heureux sont les pauvres, car le royaume des cieux est à eux », ou « il est plus difficile à un riche d’entrer au ciel qu’à un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille »
Les contenir pour éviter qu’ils ne se révoltent. Pour cela enseignez leur de tout supporter. Vous commenterez et les inviter à suivre l’exemple de tous les saints qui ont tendu la deuxième joue, qui ont pardonné les offenses, qui ont reçu sans tressaillir les crachats et les insultes.
Les détacher et les faire mépriser tout ce qui pourrait leur donner le courge de nous affronter. Je songe à leurs fétiches de guerre qui prétendent les rendre invulnérables. Etant donné que les vieux n’entendraient point les abandonner, concentrer vos actions sur les jeunes, car les vieux vont bientôt disparaître.
Insister particulièrement sur la soumission et l’obéissance aveugles. Cette vertu se pratique mieux quand il y a absence d’esprit critique. Evitez donc de développer l’esprit critique dans vos écoles. Apprenez- leur à croire et non à raisonner. Instituez pour eux un système de confession qui fera de vous de bons détectives pour dénoncer tout noir ayant une prise de conscience et qui revendiquerait l’indépendance nationale.
Dites-leur que leurs statuettes sont les œuvres de SATAN. Confisquez-les et remplissez nos musées. Faites oubliez aux noirs leur ancêtres. (il fut un temps où mes aînés affirmaient sans rire que nos ancêtres étaient des gaulois).
Ne présentez jamais une chaise à un noir qui vient vous voir, ne l’invitez jamais à manger à la même table, ni dans la même salle que vous, et ne dites jamais « vous » à un noir, il se croirait l’égal de l’homme blanc
Considérer tous noirs comme des petits enfants et exiger qu’ils vous appellent « mon père ».
Ce sont là, chers compatriotes quelques-uns uns des principes que vous appliquerez sans faille. Vous en trouverez beaucoup d’autres dans des livres et textes qui vous seront remis à la fin de la séance. Le roi attache une importance particulière à votre mission.
Vous jouirez de la très grande protection des administratifs. Vous aurez de l’argent pour vos œuvres évangéliques et vos déplacements. Tout est dit : Jules RENQUIN, Ministre des colonies de Belgique au Congo-Belge.
Ainsi l’africain, après être le premier à découvrir Dieu et l’a enseigné à tous ses descendants blancs, sémites jaunes ou rouges, cet enseignement mal compris, ou adapté à d’autres réalités et habillé d’intentions malsaines, lui est revenu dénaturé, falsifié, travesti, édulcoré, vidé de tout son sens initial.
b) Les liens culturels entre l’Égypte ancien et l’Afrique
De cette digression nécessaire à la compréhension de notre exposé, permettez-moi de revenir aux arguments de la parenté culturelle de l’Égypte des pharaons et de l’Afrique.
La linguistique offre l’un des meilleurs, l’un des plus féconds champs d’investigation et de comparaison entre Egypte et Afrique. Les travaux menés dans ce cadre et les résultats qui en ont découlé n’ont pas été épargnés par les considérations idéologiques. La technicité de la matière et du débat ainsi que mon ignorance m’interdisent de m’y engager davantage. Mais une chose est sûre, n’importe quel profane, locuteur d’une langue africaine ne peut qu’être frappé par la similitude aveuglante du lexique et de la syntaxe entre langues africaines et la langue pharaonique. La parenté génétique des langues africaines et égyptiennes a fait l’objet de multiples travaux et de thèses soutenues, qui ont souvent permis de dégager près de 80 à 90% de racines communes sur des noms des parties du corps, de la flore et de la faune, qui ne s’empruntent quasiment pas.
Outre la prévalence du mode initiatique de transmission du savoir, nombre de faits et de traits, d’us et coutumes, viennent témoigner de la communauté d’origine des cultures égyptienne et africaine. Le fameux administrateur ethnologue Maurice Delafosse se disait surpris de noter que les mythes de la plupart des populations africaines les faisaient venir de l’Est voire de la vallée du Nil. L’une des conclusions positives du colloque du Caire, auxquelles, par ailleurs, ne s’intéressent que les historiens et égyptologues africains, se trouve résumée dans les notations suivantes : « Le professeur Vercoutter a déclaré que, pour lui, l’Egypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser.
Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser » (Fin de citation) («Cf. Le peuplement de l’Egypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture Méroïtique », p. 87). Serge Sauneron l’avait déjà noté au sujet de la religion, quand il était frappé par les similitudes entre la cosmogonie égyptienne et la cosmogonie Dogon.
Commençons par les plus évidents. Les coiffures féminines sont les plus flagrantes. Les fameuses tresses, dites parfois à tort rasta ou chevelure nattée, par le rajout éventuel de mèches artificielles en matières végétales, que les femmes noires sont les seules à pratiquer, sont faciles à remarquer. La coiffure à l’égyptienne des hommes se retrouve encore chez certaines populations près du lac Tana en Ethiopie et chez les Massaïs en Afrique orientale, les Soninké en Afrique occidentale, par exemple.
Les rites d’exécration, exemple de verbe efficace, par le fait de proférer de formules incantatoires et imprécatoires d’anathème à l’encontre d’ennemis réels ou supposés, font partie des us et coutumes des Africains et des Egyptiens. Les Hébreux, si l’on considère l’abondance de ces formules, l’ont emprunté aux Egyptiens. Les pratiques magiques, par la manipulation de poupées supposées représenter la personne visée, si typiques du vaudou haïtien ou béninois, font également partie des mœurs égyptiennes. Il en est de même des cérémonies d’ordalie, épreuve consistant, par le fait d’ingérer une décoction liquide, à établir la culpabilité ou l’innocence d’un accusé.
On connaît comme autre rituel commun aux deux peuples, la croyance en la vertu conjuratoire du crachat, sur l’urine notamment. En Egypte, comme dans le reste de l’Afrique, l’urine d’une personne peut faire l’objet de menées cabalistiques. Et le fait de cracher sur les traces conjure tout mauvais sort éventuel.
Les attributs royaux, comme le chasse-mouche, généralement pris en Occident pour un fouet, est typique de toutes les monarchies africaines, tandis que l’uræus, le symbole du serpent cobra, que les pharaons portent sur leur couronne, se retrouve tel quel chez les rois Yorouba d’Ifé. Et les rites funéraires royaux, constitutifs de la royauté magique, décrite par l’ethnologue Frazer, sont assez similaires.
En ce qui concerne la pratique de la circoncision, elle est commune aux égyptiens et aux autres Africains, et ce dès la préhistoire. Ce sont les égyptiens qui l’ont transmise au monde sémitique en général (juifs et arabes). L’explication de cette pratique la plus répandue et la plus plausible est fournie par la cosmogonie dogon. Dans la conception africaine du monde, l’homme naît androgyne. Or l’indifférenciation est considérée comme source de désordre, d’infécondité et d’impureté. A son adolescence, chaque sujet se doit de basculer dans un genre et choisir son sexe. Aussi, on enlève à l’homme l’élément féminin. C’est donc un rite de passage, d’initiation et de purification en même temps qu’un rite propitiatoire. C’est une croyance religieuse qui s’est cristallisée en tradition en se perpétuant à travers les âges, même s’il faut déplorer et condamner aussi énergiquement que possible l’excision des femmes.
Si la pratique de l’excision n’est pas générale en Afrique et tombe en désuétude ou réprimée, tous les enfants africains de sexe masculin sont circoncis, et se doivent de l’être ; à l’exception notable des Zoulous, le roi guerrier Chaka ayant supprimé la pratique à des fins militaires. De la même façon, les Ethiopiens actuels sont les seuls chrétiens à encore pratiquer la circoncision, en dépit des prescriptions de Saint-Paul, qui a aboli le rite, initialement institué comme le signe de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Leur christianisme judaïsant combiné aux traditions africaines pré-chrétiennes expliquent la conservation de cette coutume. La circoncision n’a donc rien de judaïque ni d’islamique au départ. Elle est authentiquement négro-africaine. On comprend qu’Hérodote insiste tant sur le sujet.
Les voies nouvelles de l’égyptologie se sont ouvertes dans la diasporas africaine et Caraïbéenne, mais également peu à peu dans le monde scientifique occidental, et y prospèrent, sur un terreau prometteur, avec le support d’une revue comme ANKH, symbole de la vie en Egypte. L’égyptologique n’est pas pour les Africains qu’un simple exercice d’érudition, encore moins une conduite d’évasion ni une illusion dérisoire, et compensatoire. Elle est source et acte de réarmement intellectuel et moral. Hegel, qui, au demeurant, se faisait de l’Egypte une idée fort condescendante et de l’Afrique une opinion encore moins flatteuse, disait que l’Histoire est toujours écrite par les Vainqueurs. Et Sartre de lui rétorquer, qu’à plus long terme elle l’est par les vaincus.
c) Comment expliquer la régression de l’Afrique alors ?
Mais question récurrente qui est souvent posée est sur la régression culturelle de l’Afrique :
Si ce sont les nègres qui ont crée la civilisation égyptienne, comment expliquer leur régression actuelle ? Sans rentrer dans les détails on peut résumer la réponse ainsi :
Quand les nègres du Nil, par suite de surpeuplement de la vallée et des bouleversements sociaux, pénétrèrent de plus en plus profondément à l’intérieur du continent, ils rencontrèrent des conditions physiques et géographiques différentes. Telle pratique, tel instrument, telle technique, telle science, naguère indispensable sur les bords du Nil n’est plus d’essence vitale à la boucle du Niger, sur les rives du Congo et du Zambèze.
On comprend que certains éléments de civilisation nègre de la vallée du Nil aient disparu à l’intérieur du continent, tandis que d’autres et non les moins fondamentaux soient demeurés jusqu’à nos jours.
Par ailleurs, l’autre raison est du reste, pour évoquer le rapport à l’Afrique, la disparition de l’Egypte comme Etat indépendant et comme civilisation africaine originale, submergée par la vague successive de populations leucodermes, depuis les invasions assyrienne, perse, grecque, romaine, arabe et turque, qui a coupé et privé le reste de l’Afrique intérieure de la sève fécondante et vivifiante de la culture des pharaons, qui aurait dû alimenter l’éclosion d’une civilisation consolidée ayant pour corollaire un développement sociétal certain. Car l’Egypte aurait pu et du être pour le continent ce que la Grèce et Rome ont été pour l’Europe, à savoir la matrice, la quintessence et le classicisme. Ni Méroé ni l’Abyssinie par la suite n’ont réussi à assurer la relève de l’Egypte décadente et acculturée.
d) Pourtant il y a toutes les raisons d’espérer
Un proverbe ivoirien dit : « quelque soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par apparaître ».
Aujourd’hui, il se prépare un choc titanesque entre l’occident et l’Asie. Oh ! non ce ne serait pas une guerre atomique, mais une guerre économique et commerciale. L’Europe n’en sortira vainqueur que si elle réhabilite l’Afrique en traitant d’égale à égale, en reconnaissant les mêmes valeurs de liberté et de démocratie en Afrique que celles qui régissent le monde occidental. Et surtout faire acte de repentance et de pardon à l’égard de l’Afrique. Jean-Paul II, cet homme admirable que l’église Catholique ait jamais connu, l’a fait en demandant pardon aux africains au nom de l’église tout entière pour tous les crimes que l’église commis envers l’Afrique notamment en ce qui concerne l’esclavage.
Le parlement français l’a fait à sa manière il y a quelques années en votant la loi de Christiane TOBIRA, reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’Humanité.
Au demeurant, l’enjeu est l’édification d’une civilisation planétaire, pour nous éviter de tomber une fois encore dans la barbarie. Ce projet suppose la réaffirmation de l’unité biologique de l’espèce humaine, fondement d’une nouvelle éducation qui récuse toute inégalité et hiérarchisation raciale. Alors et alors seulement une conscience historique verra le jour, restaurée par l’esquisse d’un cadre de réflexion approprié pour poser en termes exactes, l’ensemble des problèmes culturels, éducatifs, politiques, économiques, scientifiques, techniques, industriels auxquels sont confrontés les africains, aujourd’hui, et pour y apporter de vraies solutions.
Après avoir tant apporté à l’humanité entière, l’Afrique telle une mère, regarde ses enfants et baisse la tête à force de pouvoir plus supporter les regards dédaigneux des siens.
Le testament de Jean Devisse, spécialiste de l’histoire ancienne, naguère l’un des plus fervents partisans de la théorie chamitique, délivré quelque temps avant sa disparition, à l’occasion d’un colloque au Cameroun, en forme de confession et d’hommage à Cheikh Anta Diop, le père de l’égyptologie africaine, parti avant lui, peuvent valablement nous servir de conclusions.
Après avoir fait état et amende honorable des préjugés que son éducation européenne, il invitait, à la réconciliation des esprits et des peuples, sur la base de l’universalisme et de l’humanisme : « Il ne s’agit pas d’une guerre ou d’une capitulation, ce qui serait de vous et de nous. Il ne s’agit pas de cal et je remercie beaucoup le professeur Cheikh Anta Diop de m’avoir si clairement montré l’autre voie. Il ne s’agit pas d’un affrontement entre Blancs et Noirs, Jaunes et Blancs, ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. On est en présence de la même humanité et il s’agit de rétablir la chronologie des événements. Je tiens à dire au professeur Cheikh Anta Diop, et je suis heureux de le faire ici à Yaoundé à l’occasion de ce colloque, que je lui suis profondément reconnaissant, par sa ténacité, par son acharnement de chercheur, contraint à modifier plus d’un de mes points de vue, à abandonner nombres mes préjugés que m’avait inculqués l’éducation que j’ai reçue.
C’est un phénomène énorme, et, pour la première fois aujourd’hui, nous nous trouvons devant la nécessité de reconsidérer toutes les cultures dans toutes leurs racines, donc les cultures du continent noir qui sont les premières, en essayant de bâtir une société universelle qui ne soit pas une société d’affrontement comme cela a été dans le passé mais qui soit une société de collaboration, en séparant les deux mots, qui est une société de construction d’une culture éventuellement universelle » (Fin de citation).(12)
En 1951 Cheik Anta Diop déclarait à la presse après sa soutenance de sa thèse de doctorat : « au moment où l’impérialisme atteint son apogée, dans les temps modernes, en tout cas au 19è siècle, l’occident découvre que c’est l’Egypte et une Egypte noire, qui a apporté tous les éléments de la civilisation à l’Europe, et cette vérité, il n’était pas possible de l’exprimer, voilà la réalité ! l’occident, qui se croyait chargé d’une mission civilisatrice en direction de l’Afrique, découvre en fouillant dans le passé, que c’est précisément cette Afrique noire qui lui a donné tous les éléments de la civilisation aussi extraordinaire que cela puisse paraître. Et cette vérité là tout le monde n’est pas prêt à l’entendre »
Conclusion
L’écriture de l’histoire, en raison des enjeux de mémoire, s’effectue rarement sous le sceau d’une stricte neutralité idéologique et axiologique. Le passé est toujours convoqué au service du présent. Il suffit de relever les passions que soulève, en France, l’histoire respective de la Révolution française, de la Seconde guerre, de la guerre d’Algérie et, tout récemment, celle de la traite esclavagiste, pour prendre la mesure du phénomène. Les apparences sont à ce point contre l’Afrique et les Africains, qu’elles fertilisent le terreau des préjugés racistes, dont ils sont les victimes par essence et par excellence, et qui ne sauraient être combattus efficacement qu’avec des arguments d’ordre historique entre autres. Les négrophobes l’ont bien compris, et jouent insidieusement sur ce ressort pour délégitimer voire ridiculiser l’hypothèse d’une Egypte noire. S’interroger sur l’appartenance ethnique ou raciale des anciens égyptiens ne procèdent nullement d’une posture raciste mais du souci légitime de clarifier un point d’histoire, de trancher une question de fait, rendue précisément obscure par les considérations idéologiques et racistes qui président à la démarche égyptologique. Des hommes pleins de bonne volonté, des scientifiques au-dessus de tout soupçon récusent le concept de race, sans que pour autant le racisme ne s’estompe dans les sociétés occidentales. Loin s’en faut.
La notion de race, expurgée de ses postulats essentiels et de ses connotations idéologiques et normatives, peut servir la cause antiraciste. Sans chercher à confondre culture et biologie et en se conformant au réquisits de la méthode historienne, établir la négrité de la civilisation égyptienne antique ne va certainement pas résoudre les problèmes actuels de l’Afrique, mais en modifierait certainement la représentation, et inciterait à rechercher d’autres causalités ailleurs que dans les gênes. Tel est l’enjeu de ce débat.
Tout le long de mes recherches pour cet exposé, j’ai puisé ma motivation et mon courage dans cette citation de Frantz FANON : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».
Moi j’ai choisi de la remplir.
Le but de cette bataille s’inscrit dans une reécriture seine et objective de l’histoire de l’humanité ayant pour corollaire la réunification et la réconciliation des hommes et des femmes de bonne volonté désireux de bâtir un monde débarrassé des idées xénophobes et racistes, en démontrant que les hommes jouissent tous des mêmes capacités intellectuelles.
Toutefois il est important de rappeler que le débat ne doit pas être racialisé, bien au contraire car nous appartenons à une seule race la race humaine. Il est simplement à déplorer que depuis la traite négrière, toutes les questions relatives à l’intelligence humaine et aux variétés humaines ont été systématiquement racialisées. Je cite encore le professeur Cheikh Anta « Tant mieux pour les racistes s’ils trouvent qu’ils sont les plus intelligents ; mais alors de quoi s’inquiètent-ils ? ».
Le problème le plus important est de rééduquer notre perception de l’être humain, pour qu’elle se détache de l’apparence raciale et se polarise sur l’humain débarrassé de toutes coordonnées ethniques. Dans les saintes écritures, il est dit ceci « Jésus arriva sur les lieux, et dit au paralytique : « lève-toi et marche » et le paralytique se leva et marcha. » Mathieu 2/10. Je voudrais que nous accomplissions ensemble ce miracle de Jésus en disant tous ensemble au peuple africain :
« lève-toi et marche ».
Aurélien GNAHOUI
Spécialiste de l’histoire africaine
Il s’exprime ici à titre personnel
Notes :
(1)-Jean-Philippe OMONTUNDE, L’origine négro-africaine du savoir grec, édition Ménaibuc, Paris, 2004
(2)-Jean Vercoutter, « l’image du noir dans l’art égyptien », in L’image du Noir dans l’art occidental, volume 1 Tome 1 : des Pharaons à la chute de l’empire romain, Paris, Bibliothèque des Arts, 1976, pages 33 à 88 -Jean Vercoutter, « le peuplement de l’Egypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture Méroïtique » Histoire générale de l’Afrique, Etudes et documents I, Paris, Unesco, 1978, pages 15 à 36
(3)-Léo Frobenius, La civilisation africaine, Gallimard 1952/ Le Rocher 1987
(4)-Emile Amélineau, Professeur au Collège de France égyptologue, « la découverte du tombeau d’Osiris »
(5)-Eric Crubézy, Professeur d’anthropologie à l’université de Toulouse. Article intitulé :Les surprises de l’A.D.N. ancien – Une technique à manipuler avec précaution. Revue La Recherche N° 353 du mois de mai 2002 page 44 à 47.
(6)-Gilbert Charles de l’hebdomadaire français Express du 5 décembre 1991 page 104 à 106.
(7)-Robert Graves et Raphaël Pataï, Les mythes hébreux, Fayard, 1987, p.131-132).
(8)-Sylvia M’BOCKÉ, Malédiction de Cham : l’escroquerie spirituelle de l’église.
(9)-Check Anta Diop, Nations Nègres et Culture
(10)-Jean-François Champollion, L’Egypte de Jean-François Champollion : Lettres et journaux de voyage (1828-1829), Editions Suresnes, Collection Image Magie, Préface Christiane Ziegler, 1989
(11)-Cf. Jean-Philippe OMONTUNDE, L’origine négro-africaine du savoir grec, op. cit.
(12)-Jean DEVISSE, « Apport de l’archéologie à l’historien de l’Afrique », in L’archéologie du Cameroun, actes du premier colloque international de Yaoundé (6-9 janvier 1986)