ou Comment « Niquer sa race » en douceur…
Objet d’étude des anthropologues et ethnologues occidentaux, le Nègre est tiré le mot latin Niger (noir). L’appellation est donc issue d’un premier caractère apparent: la couleur de la peau. L’autre cas similaire frappant dans l’histoire moderne est celui des indiens d’Amérique que les mêmes colons surnommèrent les « Peaux rouges ».
Mais si l’Apache a continué à identifier son frère comme un Cherokee ou un Comanche, le Nègre a accepté et intégré sa nouvelle qualification, fut-il Sérère, Ewe ou Malinké. Peut-on parler de réussite de la Négritude dans le contexte actuel des luttes anti-racistes?
Définitions
NÈGRE, subst. masc. et adj.
Nègre. Homme de race noire.
Nègre blanc. Albinos de race noire. (Dict. xixes.)
Nègre pie. Albinos de race noire, dont l’albinisme n’est pas complet. (Dict. xixeet xxes.).
Par extension: Homme à tout faire; personne exploitée sans limites. Ce que c’est qu’un nègre [chez les chiffonniers] (…) La fillette [du chiffonnier] a des soupirants (…) l’un d’eux se résigne à devenir [pour un an] l’employé, l’ouvrier, l’esclave (…) le nègre du père [1].
« Des nègres, voyez-vous? C’est des enfants tout venus dont on fait ce qu’on veut (…). » [2].
Persistance de la notion raciale:
Parlant d’une personne ou d’un groupe: De race noire, qui appartient à la race noire.
« Un serviteur nègre qui ronflait bruyamment et que nous tirâmes du sommeil, courut avertir son maître » (Tharaud,Fête arabe, 1912, p.166).
Le constat évident, à la lecture de ces définitions est que la réflexion est restée comme figée aux années 1800 sur la question Nègre.
Analyse des différences
La race Nègre se distinguerait donc en premier lieu par un aspect physique particulier: la peau. On trouvera ensuite certains détails pour les regrouper en tribus ou en ethnies. Les cheveux, recourbés en petites spires extrêmement serrées, s’accrochent entre voisins pour former des touffes, ou bien s’emmêlent tous uniformément en une espèce de feutrage. Une telle toison diffère nettement de la chevelure des Européens, même frisés. Parmi les traits du visage, le plus différent par rapport aux [Occidentaux] est la forme du nez, qui est large et plat. En second lieu, la bouche est saillante, avec des lèvres épaisses, dont la muqueuse se rejoint plus ou moins largement de la supérieure à l’inférieure, empâtant le dessin des commissures. [3]. On connaît la suite, avec les tristes épisodes du Rwanda et du Congo.
Pour renforcer la distinction, on va tenter plus tard de trouver des particularités sociales. En France, le terme a logntemps été assimilé à la descendance; mais l’emprise décroissante de l’église au cours des XVIIIe et XIXe siècles a poussé à la recherche de nouvelles structures du social. Le Noir est sale, en manque d’intelligence, il symbolise le deuil et la tristesse; il est alors positionné en bas de l’échelle sociale. Le Nègre va lui-même participer au spectacle: « L’émotion est nègre, comme la raison est hellène » [4]. On parlera alors de culture et d’art Nègre comme d’une production primitive: l’art premier. Même produit par un descendant de plusieurs générations, l’art est tribal dès lors qu’il contient un élément ou une référence négro africaine. Pour faire de la littérature dite africaine, il faut rajouter quelques cases et des calebasses dans le décors.
Le Négrophile trouvera toutefois qu’ils sont gentils et malins. Mais dans son anti-racisme béat, il y a toujours le postulat de RACE.
Oser le débat sur la prétendue race nègre
Comme énnoncé plus haut, le terme désigne jusqu’au XVIIIe siècle la lignée ou la filiation, cette appartenance de classe qui organise les microsociétés dans l’État. Employé principalement à partir des années 1930 pour désigner une idéologie dont les locuteurs se réclament (celle de la croyance en des différences génétiques et des pratiques d’évitement qui lui sont associées), le « racisme » désigne aujourd’hui des actes et des perceptions fondées sur la caractérisation d’« un ensemble humain par des attributs naturels, eux-mêmes associés à des caractéristiques intellectuelles et morales qui valent pour chaque individu relevant de cet ensemble » [5].
Quel est le critère de classification des races humaines? L’anti-sémite ou l’homophobe sont-ils racistes? Quelles sont les différentes races qui coexistent parmi les populations? Autant de questions qui prouvent le malaise autour d’un mot: racisme. Parler de la « race » juive ou musulmane pourrait sembler insultant pour une population qualifiée par une pratique culturelle. Pourtant la couleur de peau est un fait qualificateur; que la victime soit originaire des Etats Unis ou d’Afrique, on parlera sans problème de race nègre. Etrangement, dans le même temps, on occulte soigneusement les races jaunes, blanches, chrétiennes et rouges. Pour justifier sa sélection dans les années 30, le nazi parlera de race « aryenne ».
Cette classification subjective va avoir une conséquence importante toujours perceptible dans les sociétés modernes. Le Nègre devient rapidement une catégorie ou un état; on dira en France d’une petite main, qu’elle travaille « comme un nègre ». Le prête-plume pour un écrivain est un Nègre. De ce fait, on refuse à cette race la notion de structure ou l’intelligence de classe sociale. Marx ira jusqu’à leur nier toute possibilité de révolution. Sarkozy résume cette réalité en leur interdisant toute place dans l’histoire. Pour renforcer l’analyse, on découpera cette race en différentes ethnies sans histoire commune; la base sera alors la coutume locale (culture nègre) ou le dialecte (langues primitives). La meute nègre est alors consolidée, même si aucune différence biologique majeure n’a jamais été découverte.
Le racisme et ses anachronismes
La « race » n’est plus aujourd’hui l’instrument favori dans les groupes extrémistes « racistes »; le combat est déjà gagné puisqu’ils ont réussi à imposer le concept. Le racisme peut maintenant passer par un discours sur la culture, sur l’inégalité des peuples, des civilisations. En France, l’assemblée nationale consciente du problème, a voté le 12 juillet 2018 la suppression du mot « race » de la Constitution. En revanche, il reste utilisé par un certain nombre de prétendus antiracistes, bien que reconnu pour n’avoir aucun substrat scientifique. Les diversités génétique et physique sont parfois plus fortes entre les individus d’une même population qu’entre des populations différentes.
Le mot race est donc porté et amplifié par des organisations et structures prétendument anti-racistes. Leur combat se base sur un postulat insultant: celui de l’existence de races humaines distinctes. Il s’est créé récemment en Europe une COALITION EUROPÉENNE DE VILLES CONTRE LE RACISME [6] dirigé par un négrophile blanc Mr Benedetto Zacchiroli. Ces bonnes âmes qui se donnent pour mission de défendre la RACE NEGRE contre les lances impies ont été rejoints par le gouvernement socialiste belge, lequel indexe et qualifie une certaine population subsaharienne (les Nègres d’Afrique) évaluée pléthorique dans les hôpitaux liégeois pendant la pandémie du COVID. Lucienne Redercher, Vice-Présidente de la Coalition, représentante de la ville de Nancy (France) ne se rend pas compte de la contradiction de son adhésion avec les textes de la constitution française qui a fait l’impasse sur le mot RACE.
Ces pieuses personnes côtoient pourtant tous les jours des intellectuels issus des minorités nègres, mais leur refusent le droit à un avis; tais-toi, je pense pour toi. Pour l’anti-raciste humaniste, ces Nègres sont génétiquement différents, mais il faut les protéger, tel Brigitte Bardot et sa fondation pour animaux.
Conclusion
Le danger de l’anti-racisme, c’est la justification du racisme. Comment peut-on prétendre combattre un concept en l’intégrant dans sa propre analyse? Le juif parlera d’antisémite et non d’anti-youpin; l’homosexuel va préférer parler d’homophobie et non de pédéphobie. Il est clair aujourd’hui, lorsqu’on parle d’anti-racisme, que le combat est pour la défense d’une égalité du Nègre. Il faut donc oser le changement et revendiquer son état. L’anti-racisme est-il un combat anti-négrophobie? Osons alors la requalification, puisque la victime a déjà validé son identité noire.
Il n’est pas rare d’entendre dans certains milieux parler d’une race musulmane ou arabe mais on spécifie toujours « racisme anti-arabe ». Selon nous, une première nouvelle race d’humains résultera certainement un jour du croisement encore improbable entre un terrien et un marsien. En attendant, il n’existe qu’une seule race humaine; le RACISME est donc un contresens, tout comme sa déclinaison opposée.
Contre la ségrégation des Noirs, nous posons une identité raciale unique pour tout le genre humain; il ne s’agit pas d’une revendication, c’est un fait. Il est temps de mettre fin à cette fumeuse dichotomie Blanc-maître/Nègre-indigène-animal.
Bruxelles, le 21 juillet 2020
Auteur: Ablam AHADJI